Ce mardi 26 mars 2019, si ce n'était pas vraiment le branle-bas de combat au sein du Conseil de Sécurité, çà en avait tout l'air lorsque, lors de leur réunion mensuelle consacrée au conflit israélo-palestinien, les représentants de plusieurs Etats membres n'ont point caché leur exaspération après que la veille le président américain, adepte de la politique du fait accompli, ait unilatéralement décidé de signer un décret reconnaissant officiellement la souveraineté de Tel Aviv sur le plateau du Golan syrien faisant fi, ainsi, de toutes les résolutions de l'ONU attribuant le statut de «territoires occupés» à l'ensemble des terres conquises par Israël après la guerre de 1967. Le représentant de Damas ayant demandé qu'une réunion du Conseil de sécurité se tienne de toute urgence et qu'elle soit consacrée à cette seule question du Golan, il appartient à la France qui assure la présidence de cette instance jusqu'au 31 mars d'en fixer la date avant dimanche. A défaut, cette responsabilité incombera à l'Allemagne. Pour rappel, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Belgique et la Pologne avaient déjà signalé, dans une déclaration commune, qu'ils ne reconnaissaient «pas la souveraineté d'Israël sur les territoires qu'il occupe depuis Juin 1967 dont le plateau du Golan», que «l'annexion d'un territoire par la force est interdite par le droit international» et, enfin, que «toute déclaration sur un changement unilatéral de frontière va à l'encontre des règles sur l'ordre international et la charte des Nations-Unies». Dénonçant, avec virulence, la position prise par le président américain, l'ambassadeur français François Delattre a tenu à rappeler que les bases d'une paix durable au Proche-Orient sur lesquelles s'était entendue la communauté internationale « ne sont pas des options ou un menu dans lequel il serait possible de piocher à sa guise». Le représentant du Quai d'Orsay ajoutera que «la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan est contraire au droit international» et que «le silence du Conseil de Sécurité sur ce sujet est de plus en plus assourdissant, de plus en plus incompréhensible et, pour la France, de plus en plus inacceptable». Le diplomate français a appelé, enfin, le Conseil de Sécurité à «veiller au respect (des) principes fondamentaux» de la Charte des Nations-Unies «qui conditionnent la paix et la sécurité internationales» et principalement celui de juger illégal «l'acquisition de territoire par la force». Du côté des pays arabes, la Jordanie, le Liban, le Koweit, l'Irak et même l'Arabie Saoudite – le plus fidèle allié des Etats-Unis dans la région – ont tous condamné, ce mardi, la décision prise par l'administration Trump. Fidèle soutien du régime syrien, Hassan Nasrallah, le chef du Hizbollah libanais allié de Téhéran, qu'Israël accuse de vouloir établir un réseau militaire dans la partie du Golan encore sous le contrôle de la Syrie, a saisi l'occasion pour appeler à la résistance» face au «dédain pour le monde arabe et islamique». Aussi, pour «justifier» la décision prise la veille par le président Donald Trump, Jonathan Cohen, le représentant de Washington auprès des Nations-Unies, a déclaré, de son côté, que «permettre aux régimes syrien et iranien de contrôler le plateau du Golan reviendrait à fermer les yeux sur les atrocités commises par le régime d'Assad et sur la présence déstabilisante de l'Iran dans la région»; des propos qui présupposent qu'il serait «logique» d'amputer la Syrie d'une partie de son territoire dès lors que la sécurité d'Israël risquerait d'être menacée. Considérant, enfin, qu'un vote de procédure, demandé par l'un ou l'autre des 15 membres du Conseil de Sécurité, pourrait empêcher la tenue d'une séance de travail consacrée à la seule question de la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté d'Israël sur le Golan, sauf si le pays demandeur recueille neuf voix, rien n'indique, pour l'heure, que cette réunion aura lieu. Alors, attendons pour voir…