Si tous les journaux dans le monde sont sommés de publier des «errata», en cas de publication de fausse information, pourquoi ne serait-il pas autant pour facebook qui touche d'ailleurs plus de personnes? C'est l'interrogation, que se pose le réseau citoyen Avaaz, qui a lancé le week-end dernier une pétition sur son site pour contraindre facebook à publier des « corrections » après la publication de fausses infos, sachant que le réseau social est devenu en peu de temps le terreau fertile des fake news et de la désinformation. Si une telle initiative pourrait être bien accueillie en ces moments de prolifération des fake news, il n'en demeure pas moins que l'efficacité et l'utilité d'une telle solution suscite des interrogations. En effet, à la suite de la publication d'une photo devenue virale, sur facebook, d'une jeune femme quasiment torturée par les forces de l'ordre policières «françaises» pour témoigner de la violence dans le milieu policier dans l'Hexagone, il est apparu en effet qu'il s'agissait plutôt d'une «fake news». Ladite photo très atroce n'aurait rien à voir avec la France. Elle aurait plutôt été prise en 2015 lors des manifestations à Madrid. Pour le réseau citoyen, s'il ne s'agit que d'une photo détournée pour véhiculer un mensonge, malgré que les violences policières soient réelles en France, cela a des répercussions bien plus dangereuses. Cette désinformation «a le pouvoir de rendre des manifestations violentes, de détruire la confiance de chacun en la démocratie, de pousser les gens à se haïr les uns les autres, voire à s'entretuer». Pour la plateforme, il est urgent de trouver une solution, qui contraindrait facebook, le réseau social le plus usité, à «diffuser des rectificatifs répondant aux fausses informations dangereuses … auprès de tous ceux qui les ont vues», tout comme les journaux de par le monde. Selon la plateforme, l'idée aurait séduit plusieurs responsables politiques à travers le monde. D'ailleurs, Avaaz compte profiter du contexte actuel où Facebook est sensible à son image, pour le pousser à s'engager contre les fake news. Il ne s'agira pas de censure, souligne Avaaz, puis qu'aucun contenu ne sera dépublié ou supprimé. Les réseaux sociaux, notamment facebook devront plutôt fournir à toute personne victime d'intox «l'intégralité des faits, afin que chacun puisse prendre des décisions éclairées», relève le réseau citoyen, qui souligne être déjà en discussion avec les responsables de facebook pour rectifier les fausses informations sur le réseau social. Aussi louable qu'elle peut paraitre, une pareille solution pourrait s'avérer difficile, dans la mesure où, étant donné que facebook est aujourd'hui le réseau où sont diffusées le plus d'informations, y compris les fake news, la tâche pourrait s'avérer titanesque pour l'entreprise de Mark Zuckerberg. Dénicher toutes les fake news et les corriger…sur facebook pourraient ainsi relever de l'ordre de l'utopie. Et on pourrait alors dans ce cas ne pas vraiment sortir du tout de l'auberge, en dépit des bonnes volontés. A cette approche qui responsabilise uniquement facebook, si on impliquait les internautes, les formant pour être capables de dénicher des fake news et publier eux-mêmes sur leurs mûrs des corrections et rectifications, aux fausses informations qu'ils auraient vues, lues et entendues, la lutte contre les fake news pourrait ainsi produire des résultats satisfaisants. A noter que jusqu'à lundi, 607 851 personnes avaient déjà signé la pétition qui a besoin de 750 000 signatures.