«A la veille des élections européennes, l'Europe a, de nouveau, atteint le point où nous devons défendre notre identité hongroise et notre héritage chrétien». C'est en ces termes que ce dimanche, dans son traditionnel discours «sur l'état de la Nation», le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, membre du PPE, regroupant les partis conservateurs, majoritaire au Parlement européen, a fait part à ses compatriotes des mesures qu'il préconise au titre du soutien de la natalité et de l'adoption d'une politique résolument hostile à l'immigration. Pour rappel, la Hongrie qui détient l'indice de fécondité le plus bas d'Europe a perdu, en une dizaine d'année, plus de 500.000 citoyens actifs partis travailler dans les pays d'Europe de l'Ouest à telle enseigne que sa population est rapidement tombée sous la barre symbolique des dix millions d'habitants. Aussi, dans son discours de ce dimanche, le Premier ministre hongrois, souverainiste admiré par les droites nationalistes européennes et assimilant l'immigration à «une capitulation» face aux problèmes démographiques a annoncé l'octroi de prêts aux femmes de moins de 40 ans pour les encourager à enfanter, une exonération d'impôts sur le revenu pour celles qui ont quatre enfants, la création d'un très grand nombre de crèches d'ici 2022 et, enfin, des aides sociales pour les grands parents qui acceptent de garder leurs petits-enfants. Associant, par ailleurs, l'immigration au terrorisme «islamiste» et à la violence, dénonçant «la baisse continuelle de la part des chrétiens en Europe (…) et le remodelage de pays autrefois chrétiens», le dirigeant hongrois a rappelé qu'il entend mener une «révolution conservatrice» se traduisant par une «rechristianisation» de la société et s'appuyant sur une reprise en main des écoles par l'Eglise. Considérant, en outre, que les «européennes» de Mai prochain constitueront, «la bataille finale » contre Bruxelles en tant que «nouvelle citadelle de l'Internationale» ayant pour outil «l'immigration» et que cette dernière «conduit à une augmentation de la criminalité – en particulier contre les femmes – et laisse entrer le virus du terrorisme», le dirigeant hongrois qui veut, également, saisir cette occasion pour effacer toutes traces du passé communiste de la Hongrie, a ouvertement placé la défense des « nations chrétiennes» au cœur de sa campagne électorale. Ancien opposant au régime communiste d'alors, Viktor Orban a déclaré, également, que le monde s'était trompé, il y a trente ans, quand il avait cru en avoir fini avec cette «pensée communiste» qui parlait de «la fin des nations» du moment que les nouveaux dirigeants d'aujourd'hui oeuvrent pour «un monde sans nations (et) des sociétés ouvertes pour balayer les traditions et inonder (les pays) de cultures étrangères ». En considérant, enfin, qu'en 2015 – au plus fort de «la crise des migrants» – Viktor Orban avait pris la tête de l'opposition européenne à l'accueil des réfugiés et qu'il conserve ce positionnement pour les prochaines élections européennes alors que le thème de l'immigration reste l'enjeu principal de ce scrutin, le Premier ministre hongrois a-t-il des chances de l'emporter face au néerlandais Frans Timmermans qui «dirige la liste des partis pro-immigration» ? Attendons pour voir…