La crise que traverse actuellement le Venezuela a un nom: ce n'est rien d'autre qu'un coup d'Etat dès lors que le chef de l'Assemblée Nationale, Juan Guaido, s'est autoproclamé «Président». Or, en partant du fait que tous les vénézuéliens ne l'ont pas suivi, donc que ce n'est pas le peuple vénézuélien, dans sa grande majorité, qui l'aurait poussé à agir de la sorte, on est amené à nous interroger sur le «vivier» d'où, à son si jeune âge, il a pu tirer la «force» qui lui a permis de s'ériger en «homme fort» ? Et là, la seule réponse qui vient à l'esprit, c'est qu'il bénéficie d'un appui extérieur car quand un coup d'Etat est fomenté de l'étranger, la première action des commanditaires est de désigner celui qui prendra la place du personnage politique que l'on veut écarter. Guaido semble avoir été tout indiqué pour une telle mission et depuis un bon bout de temps déjà. D'ailleurs, dans un article du Wall Street Journal paru fin Janvier on apprend – bien que ce soit un secret de polichinelle – que c'est Washington qui est derrière cette opération et même que ce sont ces illustres représentants de l'administration Trump qui ont pour noms Rubio, Bolton, Abrams, Pompeo et Pence qui, avec l'aide de Chrystia Freeland, la ministre canadienne des Affaires étrangères et son équipe, auraient mis en avant le jeune Juan Guaido afin qu'il soit placé sur le tremplin qui lui permettrait d'accéder à la magistrature suprême du Venezuela ; à savoir, l'Assemblée Nationale. Ainsi, dans le Groupe de Lima créé en Août 2017 -au moment où le Venezuela était secoué par de violentes manifestations- et comprenant l'Argentine, le Brésil, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le Guatemala, le Honduras, le Mexique, le Panama, le Paraguay, le Pérou, Guyana et Sainte-Lucie, le Canada – allié inconditionnel de Washington – aurait joué un grand rôle dans l'élaboration de la fameuse déclaration de Lima en date du 4 Janvier 2019 qui avait énoncé «la non-reconnaissance de la légitimité du nouveau mandat du régime vénézuélien». Fort de cette «déclaration», le Parlement vénézuélien, acquis à l'opposition, avait, dès le lendemain, procédé à un vote contre l'investiture de Nicolas Maduro; une consultation dont la portée était symbolique, certes, puisqu'en 2016, la Cour Suprême du Venezuela -réputée proche du pouvoir- avait déclaré nulles toutes les décisions adoptées par le Parlement. Or, en politique, les symboles ne sont pas toujours dénués de force et de signification. Aussi, c'est en se basant sur le fait que ce vote aurait «confirmé» l'illégitimité du second mandat de Maduro, que Juan Guaido s'est autoproclamé «président de la république». Au vu de tout cela, il apparait donc très clairement que l'auto-proclamation de Juan Guaido «inconnu des Vénézuéliens» d'après Claude Morin, professeur d'histoire de l'Amérique latine à l'Université de Montréal, et qui ne «doit sa visibilité (qu')à des appuis extérieurs de fraîche date (et à) des fabricants d'images (qui) s'emploient depuis à lui fabriquer un lustre et à gommer de sa feuille de route sa participation aux garimbas, ces violences de rue en 2014 et en 2017» n'est rien d'autre qu'un coup d'Etat fomenté par Washington et ses alliés dès lors que le pays ne souffrait pas d'une vacance du pouvoir. En effet, le président Maduro avait bien été réélu en mai dernier par 68% des électeurs alors que trois candidats de l'opposition et seize partis avaient fait campagne. En outre, bien qu'ayant été boycotté par trois partis, le scrutin avait quand même drainé suffisamment d'électeurs puisque le taux de participation était de 46% ; ce qui reste, tout de même, appréciable dans un pays d'Amérique latine où le vote n'est pas obligatoire. Or, dès le lendemain, ces résultats avaient été qualifiés de «farce» par Washington et rejetés par le Groupe de Lima. Nul besoin donc de chercher ailleurs qu'à la Maison Blanche les raisons d'un coup d'Etat touchant un pays d'Amérique latine renfermant d'énormes ressources minières et, de surcroît, «socialiste». Et si le jeune «président autoproclamé» en appelle à une intervention américaine au Venezuela pour «arracher» le pouvoir à Nicolas Maduro – une ingérence susceptible de donner lieu à une guerre civile – espérons que seront suivies les voies pacifiques tracées par le «Mécanisme de Montevideo» et par le projet de résolution présenté par la Russie au Conseil de Sécurité des Nations-Unies et attendons pour voir…