«Le programme que je vais présenter ce soir n'est ni républicain, ni démocrate. C'est celui du peuple américain (…). Ensemble, nous pouvons mettre fin à des décennies de blocage politique, guérir les blessures anciennes, construire de nouvelles coalitions et esquisser de nouvelles solutions». C'est en ces termes que ce mardi soir, face au Congrès réuni au grand complet à Washington, le président Donald Trump s'est plié, pour la deuxième fois depuis son arrivée à la Maison Blanche, au traditionnel «discours sur l'état de l'Union» prévu par la Constitution des Etats-Unis d'Amérique. Mais ce deuxième discours revêt une importance particulière d'abord parce qu'il a été prononcé devant un Congrès divisé depuis que les élections de mi-mandat ont permis aux démocrates de reprendre la majorité à la Chambre des représentants puis parce qu'il intervient après des semaines de très fortes tensions entre le chef de l'Etat et le Congrès au sujet du financement du mur à la frontière avec le Mexique. Promesse de campagne du candidat Trump pour lutter contre l'immigration illégale, ce mur a déclenché le plus long «shutdown» de l'histoire américaine, un bras-de-fer qui a duré 35 jours pendant lesquels les services fédéraux avaient privé de salaire plus de 800.000 employés. Or, en renouvelant, dans ce discours, ses appels à la construction de «son» mur, sans faire appel à la procédure dite de «l'urgence nationale» qui lui aurait permis de contourner le Congrès, le président américain n'a donc pas réellement cherché l'apaisement; ce qui laisse entendre que nous allons assister dans les mois à venir à de féroces batailles politiques. Déclarant, par ailleurs, que le monde entier «envie» l'économie des Etats-Unis, le président américain a parlé du «miracle économique» des USA ; un miracle «que seules les guerres absurdes, la politique ou de ridicules enquêtes partisanes peuvent stopper» dira-t-il en faisant allusion aux investigations en cours à propos des liens qu'auraient entretenus son équipe de campagne avec Moscou. Bien que se voulant plutôt rassembleur dans la mesure où il s'est attaché à vanter les résultats économiques du pays, cette intervention a, surtout, donné l'occasion au président américain d'aborder ses thèmes de prédilection; à savoir, cibler l'immigration en pointant du doigt les fameuses «caravanes de centraméricains arrivant aux portes du pays», rappeler sa volonté de «faire reculer le droit à l'avortement», de lutter contre le socialisme, de retirer les troupes américaines de Syrie et d'Afghanistan et, enfin, d'annoncer la tenue au Viet-Nam les 27 et 28 Février, d'un nouveau sommet avec le leader nord-coréen Kim Jong-un. En abordant les relations de Washington avec Pyongyang, Donald Trump s'est félicité des progrès accomplis par son administration se permettant même de déclarer que c'est grâce à lui que les Etats-Unis ne sont pas actuellement «dans une guerre majeure avec la Corée du Nord». Enfin, si ce discours, long de 80 minutes et ponctué de «superlatifs» et d'applaudissements a plutôt été une séance d'auto-congratulation et de célébration de la grandeur de l'Amérique entrant dans le cadre du spectacle du monde politique américain et laissant croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, la vérité est ailleurs et la lutte s'annonce très rude. Alors, attendons pour voir…