Le Conseil constitutionnel du Sénégal a dévoilé ce lundi les noms des cinq candidats retenus pour l'élection présidentielle du 24 Février prochain. Sur les 27 candidatures déposées auprès dudit Conseil, seules cinq ont été validées ; à savoir, celle du chef de l'Etat sortant, Macky Sall, représentant la coalition Beno Bokk Yakaar, celle du député Ousmane Sonko, figure montante de l'opposition représentant le Pastef, celle de l'ancien Premier ministre Idrissa Seck au nom du Rewmi, celle d'Issa Sall représentant le Parti de l'Unité et du Rassemblement (PUR) et, enfin, celle de Madické Niang, dissident du Parti démocratique sénégalais (PDS), proche d'Abdulaye Wade. Les candidatures des deux principaux opposants au chef de l'Etat sortant ; à savoir l'ancien maire de Dakar, le socialiste dissident Khalifa Sall et Karim Wade, ancien ministre et fils de l'ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012) n'ont pas été retenues car frappés par des condamnations judiciaires. Aussi, pour pouvoir déclarer «irrecevable» la candidature du fils de l'ancien chef de l'Etat, investi par le Parti démocratique sénégalais (PDS, libéral) alors même qu'il était parvenu à recueillir le nombre de parrainages requis, le Conseil Constitutionnel a fait valoir la condamnation de ce dernier en 2015 à 6 années d'emprisonnement pour «enrichissement illicite» ainsi que son absence d'enrôlement sur le fichier électoral. Mais dans un courrier adressé ce 11 janvier 2019 au Conseil Constitutionnel sénégalais, d'éminents juristes sénégalais et français – dont un ancien président de la Cour Européenne des droits de l'homme – ont estimé que la candidature de Karim Wade est valide et dénié au ministère de l'Intérieur du Sénégal le droit de le radier des listes électorales en invoquant le fait que «la privation de vote ne peut résulter que d'une décision expresse de justice». A noter, toutefois, que si le Parti démocratique sénégalais n'avait pas prévu de plan B» en cas d'invalidation de la candidature de Karim Wade, le candidat Madické Niang pourrait bien constituer ce «recours» si l'on en croit certains dirigeants du parti. S'agissant de la candidature de Khalifa Sall, celle-ci a été jugée «irrecevable» car l'ancien maire de Dakar avait été condamné à 5 années d'emprisonnement pour «escroquerie portant sur les deniers publics». Incarcéré depuis près de deux années, ce dernier avait vu son pourvoi en cassation rejeté le 3 janvier dernier; une raison suffisante selon le Conseil Constitutionnel pour que celui-ci «ne puisse plus se prévaloir de sa qualité d'électeur» car «lorsqu'un citoyen est condamné à une peine impliquant sa radiation des listes, il est frappé d'une incapacité électorale qui a pour effet de le priver de son droit de vote». Elu en 2012 contre Abdulaye Wade, le président sortant Macky Sall, qui vise une réélection dès le premier tour, multiplie ces derniers temps les visites en province et les inaugurations comme celles du nouveau tronçon d'autoroute, du musée des civilisations noires ou encore celle de la ligne de chemin de fer express reliant Dakar à la ville nouvelle de Diamniadio. En considérant, enfin, que le code électoral du Sénégal stipule expressément en son article L.122 que les candidats écartés ont 48 heures pour déposer un recours devant le Conseil Constitutionnel et que ce dernier a jusqu'au 20 janvier pour statuer sur lesdites réclamations avant de publier la liste définitive des candidats retenus, les partisans de Karim Wade croient, dur comme fer, que ce dernier a encore des chances de participer à l'élection présidentielle du Sénégal mais attendons pour voir…