Après avoir être démis de la fonction Président chez Nissan, Carlos Ghosn a été révoqué par le conseil d'administration du constructeur Mitsubishi Motors. Selon un communiqué publié récemment par la direction de la marque aux trois diamants, les administrateurs du Groupe ont jugé «difficile» de maintenir en poste le puissant capitaine d'industrie qui a été arrêté il y a une semaine à la capitale nipponne. Le Groupe Renault-Nissan a caracolé cette année à la tête du podium des plus grands constructeurs automobiles au monde, avec plus de 10 millions de véhicules vendus. Ce fulgurant succès de l'alliance franco-nippone a été, sans aucun doute, orchestrée par Carlos Ghosn. Et c'est d'ailleurs grâce à ce patron charismatique que Nissan existe toujours ! En effet,l e Cost-killer a sauvé, au cours des années 90, la marque au bord de la faillite. Aujourd'hui, le fleuron de l'industrie automobile nippone se positionne parmi les plus grands constructeurs au Monde. Force est de souligner qu'au cours des dernières années, l'Etat japonais a souvent évoqué sa volonté de réduire la part de la marque au losange dans le capital de Nissan. La présence de Renault-Nissan dans le tour de table de Mitsubishi a permis également de réduire l'influence du constructeur de Wolfsburg, après les différents conflits qui ont surgi en 2012 entre les directions des deux marques. Récemment l'arrestation de Carlos Ghosn a fait couler beaucoup d'encre. Le patron le mieux payé du CAC 40 a été également déchu de son titre de président du conseil d'administration de Mitsubishi Motors, quelques jours après sa révocation de Nissan pour des malversations financières présumées. A l'issue d'une réunion extraordinaire d'à peine plus d'une heure, le troisième groupe de l'alliance automobile Renault-Nissan a jugé «difficile» de maintenir en poste le puissant capitaine d'industrie de 64 ans. Le verdict tombe une semaine exactement après l'arrestation surprise de M. Ghosn à Tokyo, qui ébranle l'alliance automobile franco-japonaise qu'il a forgée en près de 20 ans d'un règne sans partage. A l'image de ses homologues de Renault et Nissan, le patron exécutif de Mitsubishi Motors, Osamu Masuko, a tenu à rassurer. Le limogeage de M. Ghosn, qualifié de «décision déchirante», a été voté à l'unanimité des sept administrateurs, dont M. Masuko, qui va prendre la présidence, et deux responsables de Nissan, le principal actionnaire de MMC avec 34% de capital. Plus petit du trio avec 1,2 million de voitures vendues par an, Mitsubishi Motors se sépare ainsi de façon abrupte de celui qui avait volé à sa rescousse en 2016 au moment où il était fragilisé par un scandale de falsification des données. Mais face aux soupçons pesant sur M. Ghosn, M. Masuko a assuré qu'il n'avait «pas d'autre choix» que de précipiter son départ. Le patron d'origine libanaise n'est officiellement plus que PDG de l'Alliance et du groupe automobile français Renault, où un audit a été lancé pour vérifier ses rémunérations, selon le gouvernement français. L'enquête interne va être conduite par Claude Baland, ancien préfet et directeur général de la police nationale, en charge de la direction «Ethique et conformité» du groupe, saisie en accord avec le conseil d'administration, a-t-on appris auprès de Renault. «Tant qu'il n'y a pas de charges tangibles», M. Ghosn ne sera pas démis de sa fonction, a précisé le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire. La direction intérimaire est assurée par le numéro deux, Thierry Bolloré. Hiroto Saikawa, l'actuel patron exécutif de Nissan, a souligné «l'inégalité» dans la structure, tant les pouvoirs étaient jusqu'ici concentrés dans les mains d'un seul homme, ce qui empêchait toute discussion stratégique entre Renault et Nissan.