Dans le jargon martial, on a tendance à rengainer, en usant de cette fameuse citation qui inspire paix et accalmie: «Il faut savoir mettre un terme à la guerre !». En ces temps-ci, la déferlante marée de coquelicots, symbole du cessez-le-feu de la première belligérance de 14/18 au vieux continent, embaume les prairies et les vergers ondulatoires. Une référence historique qui coïncide avec le récent discours du Souverain, à l'occasion du 43e anniversaire de la marche verte, dans un contexte régional fratricide. L'appel royal à l'armistice, en direction du voisin de l'Est, après une douloureuse friction froide, n'est pas passé inaperçu, aussi bien au sein de la sphère maghrébine que dans les milieux de la communauté internationale. A cet égard, on ne cessera jamais de s'indigner face à la fermeture des frontières entre deux pays limitrophes dont les rapports diplomatiques, souvent tendus et belliqueux, ne sont pas encore interrompus et continuent de s'opérer, en dépit des animosités. Du jamais vu dans les annales de la coexistence planétaire ! De nos jours, la prospérité des peuples se fonde dans la béatitude commune et la synergie mutuelle. Ce que l'Europe a finalement bien compris, après des années de feu et de sang. Elle a quasiment unifié son économie et sa monnaie pour relever les défis, en enterrant à jamais, la hache de guerre et construisant, à bâtons rompus, le développement multiforme de ses générations montantes. La main tendue encore une fois, aux riverains frontaliers, sans estampage ni compromission, ne relève guère de l'espièglerie. Elle est mature, raisonnable et consciencieuse, dans un long duel inévitablement voué à la concorde. On ne saurait indéfiniment occulter une vérité de plus en plus, évidente et confirmée. Le leadership régional n'est plus de mise, encore moins en termes hégémoniques, pour prétendre à une réciprocité gagnante et une proximité édifiante, au service des peuples correspondants. S'obstiner à s'agripper vainement aux chimères, mènerait sans nul doute, à l'auto-destruction. Cette main que notre pays n'a jamais cessé de tendre à son compère, depuis l'époque coloniale où le sang, de l'un et de l'autre, avait conjointement ruisselé les tranchées et arrosé les terres bénites, est témoin de la sagesse ardente dont il fait preuve, chaque fois qu'il est question de l'intérêt suprême. Ces mêmes territoires, souverains et indépendants, ont sacrifié des millions de martyrs et interpellent à présent, toutes les consciences vives à fonder un Maghreb fort, cohérent et complémentaire. La balle est dans le camp des voisins algériens pour qu'ils s'en servent à bon escient. Rêvons toujours de ce lendemain de coquelicot cramoisi…!