Le mot d'ordre de l'Algérie «institutionnelle» est de banaliser la décision marocaine, historique, courageuse et généreuse, d'ouvrir ses portes, sans visa, aux ressortissants algériens. Après l'effet de surprise, réel, et l'analyse, sommaire, des conséquences multiformes du geste royal, l'establishment algérien semble vouloir rabaisser cet événement au rang d'une nouvelle péripétie, sans grande signification, dans ses relations, traditionnellement tendues et méfiantes avec le voisin de l'Ouest. Le mot d'ordre de l'Algérie «institutionnelle» est de banaliser la décision marocaine, historique, courageuse et généreuse, d'ouvrir ses portes, sans visa, aux ressortissants algériens. Après l'effet de surprise, réel, et l'analyse, sommaire, des conséquences multiformes du geste royal, l'establishment algérien semble vouloir rabaisser cet événement au rang d'une nouvelle péripétie, sans grande signification, dans ses relations, traditionnellement tendues et méfiantes avec le voisin de l'Ouest. Cela est plus l'expression d'une gêne conjoncturelle que d'une posture définitive qui engagerait l'avenir. Pourtant, il est évident aujourd'hui pour tous les observateurs sérieux, que la décision marocaine n'est ni le produit de pressions quelconques ni le fruit de quelques négociations secrètes. Ce geste souverain se suffit à lui-même. C'est en voulant à tout prix lui donner un sens qu'il n'a pas, que d'aucuns se fourvoient dans des analyses paranoïaques ou schizophrènes, c'est selon, qui dénote d'un grand désarroi. Pour faire court, le Maroc a toujours vécu sans l'argent des Algériens. Cela fait 30 ans qu'il assume seul et avec succès un effort de guerre pour la sauvegarde de son intégrité territoriale que lui impose un voisin sponsor d'une cause superficielle et fratricide. Danger terroriste ou pas, le Maroc a toujours été intraitable et ferme sur sa sécurité intérieure. Islamisme rampant ou salafisme armé, le Maroc fait face avec ses valeurs séculaires, ses convictions profondes et avec la puissance légitime de l'autorité de l'Etat. Vraiment, l'affaire du visa, aujourd'hui, n'a rien à avoir avec tout cela. Par contre, l'Algérie, elle, a changé. C'est la première fois qu'un Président élu tient sa légitimité directement du scrutin universel contre les coteries militaro-industrielles qui ont fait du Sahara marocain une question de survie. Ce président peut donc donner à son pays l'environnement régional le plus propice à son développement. Malgré les efforts en Algérie, l'affaire du Sahara est une affaire qui concerne peu les citoyens et personne ne versera une goutte de sang pour ce mirage du passé. En outre, l'Algérie a plus que jamais besoin de s'inscrire dans une logique régionale apaisée qui repose sur une sécurité collective structurée, une intégration réelle des pays de l'UMA et des relations euro-méditerranéennes avancées. Ce sont là, au-delà des ratiocinations, des constats intangibles. Quant à l'affaire du Sahara marocain, qui serait le mobile du «crime» - quel beau crime que de permettre à des familles de se retrouver après dix ans de séparation ! –, la position du Maroc est claire après la disqualification du plan Baker. Alger est, à la fois, une partie du problème et de la solution. L'offre marocaine de l'autonomie, dans le cadre de sa souveraineté et de son intégrité territoriale, est moralement juste, politiquement honnête et juridiquement acceptable. C'est pour cela que, symboliquement, la clé de la paix dans la région est, désormais, chez Bouteflika. Et lui seul. Un authentique rendez-vous avec l'Histoire. Celle qui grandit les Hommes. Maintenant, que les USA, la France et l'Espagne poussent à la roue, ensemble, et, pour la première fois, dans ce sens, est une chance inespérée pour le Maghreb, ses peuples, ses économies, et l'ensemble de la Méditerranée. Cela constitue, en fait, un vrai ticket d'entrée dans la modernité. Libre à nous de le prendre ou pas. Mais, cette fois-ci, nous savons exactement ce que nous perdons tous.