Vingt mois après la Marche des «bonnets roses à oreilles de chat» du 21 Janvier 2017 durant laquelle les américaines s'étaient élevées contre Donald Trump au lendemain de son investiture, un an après la naissance du mouvement #MeToo animé par le camp démocrate et deux ans après la défaite d'une Hillary Clinton qui espérait «briser le plafond de verre» en devenant la première présidente des Etats-Unis mais qui n'y était pas parvenue, les américaines ont pris leur revanche à l'occasion des élections de mi-mandat en investissant en force un Congrès qui n'avait jamais compté autant de femmes dans ses rangs. Ainsi, si le Sénat qui compte 100 membres a gardé le même nombre de 23 femmes, il n'en va pas de même pour la Chambre des représentants et ses 435 sièges dont 100 seront, désormais, occupés par des femmes. Représentant, dans leur grande majorité, le camp Démocrate, plus du tiers d'entre elles sont sans grande expérience politique et issues des minorités ethniques, religieuses ou sexuelles. Ainsi, Rashida Tlaib, d'origine palestinienne représentant le Michigan et Ilhan Omar, américano-somalienne représentant le Minnesota, sont les premières femmes musulmanes à être élues à la chambre. Les premières amérindiennes à investir la chambre des représentants sont Deb Haaland pour le Nouveau Mexique et Sharice Davids, ouvertement homosexuelle, pour le Kansas. Les deux premières latinas sont Veronica Escobar et Sylvia Garcia. Ayanna Pressley est, quant à elle, la première femme noire élue au Congrès pour le Massachussetts. A noter, toutefois, que si l'Iowa, le Dakota du Sud, le Maine et le petit territoire de Guam ont élu, pour la première fois, des femmes gouverneures, le nombre de ces dernières n'a pas évolué. Ainsi, dès ce mercredi, le Comité national du parti démocrate s'est félicité de cette percée des femmes, il y voit «un rejet cuisant des tentatives de Donald Trump et du parti républicain de revenir sur la couverture santé des femmes et sur leurs droits liés à la reproduction» et entend les assister pour l'obtention de «l'égalité des salaires, du congé de maternité, de la couverture santé, de la garde des enfants etc…». La démocrate Gretchen Whitmer, gouverneure élue du Michigan, considère, pour sa part, que si les femmes ont gagné c'est parce qu'elles sont « restées concentrées sur les problèmes dont on parle pendant les heures de repas» ; ceux qui touchent de plein fouet les familles et qui, de ce fait, restent les plus importants. Et si, Kelly Dittmar, professeure à l'Université de Rutgers et collaboratrice de CAWP, estime qu'il est encore trop tôt pour savoir quelles seront les questions auxquelles elles s'attaqueront prioritairement, elle reste persuadée que les femmes musulmanes vont, désormais, se faire entendre au niveau législatif fédéral « où les questions de liberté religieuse et de sécurité nationale vont, désormais, main dans la main avec les discriminations contre les musulmans». Mais s'il reste vrai qu'une forte présence des femmes va, incontestablement, «faire bouger les choses», d'abord parce que plusieurs d'entre elles ont promis «de redonner une voix aux petites gens» puis parce qu'elles sont, dans leur grande majorité, des «battantes» ayant lutté de toutes leurs forces contre les discriminations dont elles ont été victimes du fait de leurs origines raciales ou religieuses ou, encore, de leurs préférences sexuelles, le chemin pour une parfaite équité est encore long et il ne serait pas de bon ton d'avoir «des attentes exagérées». Consciente que même avec une centaine de représentantes à la Chambre, la proportion des femmes au Congrès n'est que 25%, Ayanna Pressley, la première femme noire qui y a accédé, a lancé, ce mardi soir, à ses partisans : «C'est seulement quand nous serons parvenues à l'équité, la justice et l'égalité que je pourrai prononcer un discours de victoire». Alors, attendons pour voir…