La gauche marocaine, est-elle toujours en vie ? Pourrait-elle donner signe de vie, en ses moments de crise politique ? Il serait vraiment amer voire douloureux de répondre par la négative ! Elle n'a pas pu gérer ses divergences, pour se focaliser essentiellement sur les priorités et les exigences des causes suprêmes du peuple et de la Nation. Son éclipse qui ne fait que durer a permis, en conséquence,aux forces de la réaction et de l'obscurantisme de prendre le dessus, au sein d'une société outrée et abattue. Sa situation actuelle s'aggrave, au fil du temps et ne donne aucune lueur de rapprochement, du moins à court terme. Elle perd beaucoup de sa notoriété incisive, en particulier certaines de ses composantes dont le passé semblait retentissant. Au lieu de se refaire une santé, dans ses structures,du sommet au plus bas de l'échelle, il s'est endormi sur ses lauriers et emmitouflé sur ses tours d'ivoire, se croyant détenir toutes les vérités absolues et ignorant toutes les mutations profondes opérées sur le vécu quotidiens des populations. Au point que le tapis s'est tiré sous ses pieds! Il bien vrai que sa relégation au second plan dans l'échiquier politique est également l'œuvre du Pouvoir, depuis déjà bien longtemps. Elle fut victime de répression et d'oppression féroces de la part du régime, depuis des années de plomb jusqu'à nos jours, avec des méthodes qui différent d'une période à l'autre. Nombre de ses leaders ont connu la torture, la détention, l'exil, l'enlèvement et autres formes d'intimidations pour l'affaiblir et briser son épine. Pour museler son rayonnement et surtout la «gêne» que lui inspire son enracinement, le régime a préfabriqué des créatures partisanes, sans légitimité ni impact, encore moins crédibilité et les dote de tous les moyens illicites de mettre la main sur la gestion des affaires publiques et locales du pays. Une manière de demeurer dans un pluralisme sournois et en faire une façade fantoche, sans trop se soucier du sort des citoyens et de l'image extérieure. Cette fantaisie burlesque qui présente un danger sérieux sur le pouvoir lui-même, a conduit à la débâcle politique que nous vivons à présent. Cependant, nul ne peut nier, en revanche, la défaillance de la gauche marocaine, face aux enjeux majeurs qui devraient, en fait, constituer une alliance, soudée et homogène, des forces démocratiques et progressistes, en dépit des différends et des différences des appréciations référentielles qui distinguent les unes et les autres de ses constituantes. La langue de bois qu'elle continue à faire valoir, malgré ses déboires et l'éloignement assassin dont elle fait preuve à l'égard des couches sociales déshéritées, ont beaucoup affecté son apport sur le champ politique national. Espère-t-on encore une résurrection de la gauche marocaine, quoique cela paraisse complexe, du moins, en ces temps-ci ? En tous cas, ce serait le vœu des populations en quête de la délivrance salutaire!