Le grand bouleversement de l'échiquier politique suédois que prédisaient un grand nombre d'observateurs, avant le scrutin de ce dimanche 9 septembre 2018, n'a pas eu lieu car, au lendemain de ces élections générales, le paysage politique suédois n'a pas tellement différé de celui qui était sorti des urnes en 2014. Le bloc de gauche (Sociaux-démocrates, Verts, Parti de Gauche) a remporté 144 sièges alors que l'Alliance (Conservateurs, centristes, libéraux et Chrétiens démocrates) en a obtenu 143 et que les Populistes du mouvement xénophobe Les Démocrates de Suède de Jimmie Akesson en ont raflé 62. Et si ces derniers ne sont pas devenus la deuxième force du pays comme ils le claironnaient à la veille de ces élections et comme certains sondages le prédisait mais troisième, ils ont quand même obtenu 17,6% des voix ; une très nette avancée comparée aux 12,9% obtenus en 2014. Ce résultat fait dire à Daniel Poohl, le rédacteur-en-chef du magazine «Expo» : «Ils font un très bon score, renforcent leur statut de troisième parti du pays et continuent à former un bloc conservateur et nationaliste entre les deux blocs ordinaires. Et si la direction du parti et les militants s'attendaient à un meilleur résultat, il semblerait qu'ils aient perdu beaucoup de soutiens lors des dernières semaines précédant le scrutin». Les Verts, cette autre composante de la coalition gouvernementale ont, quant à eux, subi une cuisante défaite et «la plus grosse surprise de ce scrutin», selon la politologue Li Bennich-Björkman, puisqu'il semblerait qu'ils n'aient pas obtenus le pourcentage requis pour siéger au Parlement. Il faudrait donc attendre jusqu'à mercredi pour en savoir plus lorsque le décompte des voix des suédois de l'étranger aura lieu. Ainsi, malgré les appels à la démission de l'alliance de centre droit, le Premier ministre social-démocrate Stefan Löfven dont le parti, même s'il reste en tête et n'a pas subi la débâcle annoncée par les sondages, a quand même obtenu 28,4% des voix soit 2,8 points de moins qu'en 2014, dépassant de 8 points les conservateurs qui ont perdu 3,5 points, n'entend pas quitter son poste avant la formation d'un nouveau gouvernement et tentera même de rester en place pour les quatre prochaines années. Le chef des sociaux-démocrates a déclaré, ce dimanche soir, lors de la veillée électorale de son parti : «Nous aurions aimé faire un meilleur score mais nous restons le premier parti du pays !». Au vu de ses résultats en demi-teinte, il semblerait donc que le Premier ministre aurait été fragilisé par l'arrivée de 160.000 demandeurs d'asile dans un pays qui compte moins de 10 millions d'habitants ; un chiffre-record en Europe. Et si certains reprochent au Premier ministre suédois d'avoir laissé grandes ouvertes les portes du pays, d'autres, en revanche, lui reprochent de les avoir aussitôt refermés en supprimant le regroupement familial ; ce qui, d'un autre côté, a contribué à freiner la progression populiste. Enfin, les chances de Stefan Löfven de reformer une coalition – au demeurant minoritaire – pourraient être compromises si son partenaire écologiste n'obtient pas les 4% des voix qui lui permettraient de décrocher des sièges au Riksdag, le Parlement suédois. Alors, attendons pour voir…