«Je pense à une Ligue des ligues en Europe, qui unisse tous les mouvements libres qui veulent défendre le bien-être de leurs enfants (donc) défendre leurs frontières»... C'est en ces termes que Matteo Salvini, le vice-premier ministre et ministre italien de l'Intérieur, soucieux de fermer les frontières de son pays aux migrants, s'est adressé ce dimanche 1er Juillet en sa qualité de chef de file de la «Ligue», parti souverainiste, aux quelques 50.000 sympathisants venus assister à la grand-messe du mouvement d'extrême-droite. La manifestation s'est déroulé à Pontida où serait née, dit-on, en 1167, la «Ligue lombarde», une alliance formée par les villes du Nord de l'Italie pour s'opposer à l'empereur Frédéric Barberousse. Faisant de la défense des frontières son cheval de bataille et fort de sa victoire électorale, le dirigeant italien lorgne maintenant du côté de l'Europe avec l'intention de rallier à sa cause le premier ministre hongrois Viktor Orban, le patron du Fidesz, le chancelier autrichien Sebastian Kurz, à la tête du Parti Populaire, ou même Marine Le Pen, la Présidente du Front National. Il estime que les élections européennes de 2019 seront « un référendum entre l'élite, le monde de la finance et celui du travail réel, entre une Europe sans frontières avec une immigration de masse et une Europe des citoyens ». «Ce que nous avons réussi à faire cette année, l'année prochaine nous le ferons au niveau continental» a-t-il ajouté en faisant allusion aux élections au Parlement européen qui auront lieu en mai prochain. Le dirigeant italien a annoncé, en marge du sommet européen sur l'immigration qui se tenait, ce vendredi, à Bruxelles, que les ports de son pays seront fermés «tout l'été» aux ONG qui secourent les migrants en Méditerranée. Ainsi, ces dernières ne verront plus l'Italie qu'en «carte postale» a-t-il ajouté ironiquement avant de préciser que cette interdiction ne se limitait pas à l'accès aux ports mais qu'elle concernait également «les activités de fourniture de carburant aux ONG». A noter, par ailleurs, qu'en disposant du double-portefeuille de vice-premier ministre et de ministre de l'intérieur, outre la direction de la «Ligue», Matteo Salvini est parvenu à inscrire dans l'agenda européen le thème des migrants en interdisant, dès le début du mois dernier, l'accès aux ports italiens aux navires des ONG partis secourir les migrants en Méditerranée les accusant de complicité avec les passeurs ; une attitude que l'Hexagone avait jugé « irresponsable » et qui fut à l'origine d'une très forte tension entre les deux pays. Et même si les relations entre Rome et Paris avaient semblé s'adoucir à la suite des rencontres qui ont eu lieu entre Emmanuel Macron et Giuseppe Conte, le président du Conseil italien, Matteo Salvini est resté, pour sa part, très ferme à l'égard de la France estimant que l'Italie n'a de leçons à recevoir de personne et encore moins d'un pays qui n'a pas tenu ses engagements en matière d'accueil des immigrés. Parlant sans ambages, comme à son accoutumée, Matteo Salvini en est même venu jusqu'à conseiller au président français de «se laver la bouche parce que l'Italie a fait beaucoup plus que les Français qui continuent de repousser des personnes à Ventimiglia, «Vintimille» pour les français, une petite ville de la province d'Imperia en Ligurie située à la frontière franco-italienne. Au vu de tout cela, il semble donc que cet été sera particulièrement chaud ; d'abord parce qu'avec le beau temps et une mer très calme les migrants, qui ne trouveront pas meilleur moment pour effectuer leur traversée vers l'eldorado européen, afflueront en masse vers les côtes du vieux continent puis – et c'est là où le bât blesse – parce que l'Italie va leur fermer tous ses ports. Qu'adviendra-t-il alors à ces bateaux en dérive en haute mer qui, chargés de migrants, ne pourront plus accoster dans les ports italiens pour «décharger leurs cargaisons humaines» alors que l'idée de créer des «plates-formes de débarquement» dans des pays hors-UE en est encore à ses balbutiements ? Attendons pour voir...