Ce mardi la Chine et les Etats-Unis étaient proches d'une véritable guerre même si elle n'est que commerciale, le premier reprochant au second son désir d'imposer de nouvelles taxes prohibitives sur les produits chinois entrant sur son territoire. Réagissant, la veille, aux mesures de rétorsion prises par Pékin pour faire face à une première série de taxes imposées par Washington, le Président américain a annoncé que «des mesures supplémentaires doivent être prises pour encourager la Chine à changer ses pratiques déloyales et à ouvrir son marché aux biens américains» car «les relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine doivent être bien plus équitables» faisant mine d'oublier que c'est lui-même qui, au nom de la défense de la sécurité nationale, avait imposé, dès fin mars 2018, des taxes de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium chinois. Il a alors demandé, ce mardi, à son représentant au Commerce Robert Lighthizer d'«identifier 200 milliards de dollars de biens chinois en vue de tarifs supplémentaires de 10%» de manière à porter à 450 milliards la valeur des produits chinois taxés. Il convient de rappeler, au passage, que si, en 2017, les Etats-Unis avaient exporté pour 130,4 milliards de dollars vers la Chine, ils avaient importé près de 505,6 milliards de dollars de marchandises chinoises. S'estimant lésé par ce déficit commercial qui a atteint plus de 375 milliards, le Président Trump exige que Pékin le réduise, désormais, d'au moins 200 milliards de dollars. Aussi, dans un communiqué daté de ce mardi, le ministère chinois du commerce a dénoncé la «pression extrême» et le «chantage» exercés par Washington estimant qu'ils éloignent les deux pays du «consensus» auquel ils avaient abouti. Et le communiqué d'ajouter que «si les Etats-Unis perdent le sens commun et publient une liste (de produits visés), la Chine se verra dans l'obligation d'adopter une combinaison de mesures quantitatives et qualitatives en forme de représailles énergiques». Il n'en fallait pas plus pour pousser la National Retail Federation, lobby américain de la distribution, à dénoncer cette «escalade dangereuse» car les mesures punitives qui seront prises contre la Chine mettront en péril l'existence de près de 455.000 emplois. Or, si l'on en croit Christopher Balding, économiste à l'Ecole de commerce HSBC à Shenzen dans le Sud de la Chine, en matière de représailles, Pékin se trouvera démuni face à Washington car en important très peu de produits américains, elle n'a pas de marchandises à taxer et ne pourrait, dans le meilleur des cas, que «lancer des enquêtes sur toutes les entreprises liées aux Etats-Unis»; ce qui n'est d'aucune utilité puisqu'il finira incontestablement par « donner raison à Trump». Disons pour terminer que ces annonces ont, malheureusement, mis fin à la trêve que les deux pays avaient annoncé le 19 mai dernier et que l'administration Trump se prépare à publier, avant le 30 juin prochain, les mesures de restriction qu'elle entend imposer aux investissements chinois. Quand cette «guerre commerciale» va-t-elle s'arrêter ? Attendons pour voir...