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La Chronique de Péroncel-Hugoz : Le Père Peyriguère, un «Foucauld marocain»?
Publié dans Albayane le 02 - 07 - 2010

Il n'y a jamais eu beaucoup de chrétiens à El Kbab, bourgade rustique du Moyen-Atlas, entre Khénifra et Kasba-Tadla. A présent, il n'y en a plus du tout, mais l'ancien ermitage d'Albert Peyriguère (1883-1959), qui passa là les trente dernières années de sa vie, est resté en l'état, intact, autour de la croix de bois sous laquelle il est inhumé, dans le jardin, le tout surveillé par un vieux gardien marocain. Le «cahier des visiteurs» montre qu'une sorte de pèlerinage attire là des catholiques, parfois même des musulmans, par exemple le psychanalyste casablancais Rouchdi Chamcham, auteur de La Psychanalyse au Maroc (1) et adepte du «dialogue islamo-chrétien» façon Vatican Il, bien que ce processus n'ait rien donné depuis 1966...
En 1958, deux ans après l'indépendance du Maroc, le futur roi Hassan II vint saluer Peyriguère à El Kbab. En 1981, à Rome, puis en 1985, à Casablanca, Jean-Paul Il cita l'ermite d'El Kbab en exemple. En 1983, un colloque marqua en France le centenaire de Peyriguère, tandis qu'en 2009, à Rabat, l'archevêché en organisa un autre pour le cinquantenaire de sa mort. Entre-temps, Albert Peyriguère, disciple de Charles de Foucauld (2), du Père Michel Lafon qui, de 1958 à 1999, vécut aussi à l'ermitage d'El Kbab, avait eu son petit succès éditorial. Parmi les catholiques, on a souvent comparé Peyriguère au saint assassiné à Tamanrasset (Algérie) en 1916, on a évoqué la possible béatification du «Foucauld marocain».
En 1975, dans Le Sang de l'Atlas (3), le romancier baroudeur Henri Vincenot, s'inspira «directement» de Peyriguère pour le personnage charismatique de l'abbé Guérin: «Nous l'avions vu arriver en djellaba blanche, sur sa petite mule blanche. II venait en émissaire des Aït-Slilos. En médiateur. Il allait et venait en plein bled-es-si ba (pays insoumis), sans escorte, sans protection, faisant fonction d'aumônier lorsqu'il rencontrait la troupe française. Il confessait les gars en buvant le canon de pinard, soignait les Chleuhs blessés, les enfants des ksours, parmi les populations les plus hostiles de l'Atlas».
La «pacification», en fait la reconnaissance par les Berbères du double pouvoir franco-chérifien, instauré en 1912 par le Protectorat, ne fut complète qu'en 1934, neuf ans après le départ du Maroc de Lyautey, et l'année même de son décès. Si Peyriguère, après quelques années en Tunisie puis en Algérie, avait pu s'établir dès 1928 en sécurité à El Kbab, y témoignant publiquement de sa foi chrétienne (mais, semble-t-il, sans jamais convertir quiconque), c'était bel et bien grâce à la pax gallica.
Cependant, peu à peu, entre deux actions de bienfaisance, le solitaire s'était engagé en faveur des nationalistes marocains, envoyant en 1952 des articles à Témoignage chrétien, proclamant urbi et orbi:
«La France est au Maroc en état de péché mortel!» Les militaires de Meknès faillirent réexpédier l'imprécateur en métropole. Au sujet des mahométans, il écrivit: «Ne leur enlevez pas la foi musulmane... vous en ferez des mufles!»
Toutes ces prises de position sont radicalement opposées à celles de Foucauld qui, à la veille même de son assassinat manda à son futur biographe, René Bazin : «Si nous n'avons pas su faire des Français de ces peuples [musulmans], ils nous chasseront. Le seul moyen qu'ils deviennent français est qu'ils deviennent chrétiens. Tant qu'ils seront musulmans, ils ne seront pas Français !». Avec des vues aussi divergentes, sur un point capital, il n'est plus possible, sauf en matière de foi pure, de voir en Peyriguère, un «Foucauld marocain»...
Aux dernières nouvelles, les restes du solitaire d'El Kbab vont être transférés au monastère cistercien Notre-Dame-de-l'Atlas, à Midelt, dans la région, où une chapelle mémoriale a été construite pour lui.
1. La Croisée-des-Chemins, Casablanca, 2008.
2. Arthème Fayard, 1985.
3. Denoël, 1975, rééd. 2002.
Lire : Père Raymond Mengus, Un signe sur la montagne. Que vit-on à Notre-Dame-de-l'Atlas ?, Salvator, 185 p. illustrées, 2008.
(In «La nouvelle revue d'Histoire» - Mai 2010.


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