Miloudi Moukharik reconduit à la tête de l'UMT pour un 4ème mandat    Gérard Larcher en visite au Maroc : le Sahara au cœur du programme    Le Maroc et l'Argentine sont des « partenaires naturels », selon l'ancien ambassadeur argentin    L'attaquant de Mulhouse en France : un migrant algérien que l'Algérie a refusé de réadmettre    L'initiative "Poisson à prix raisonnable" prévoit plus de 4.000 tonnes    Benguérir : "Science Week 2025" explore les défis scientifiques majeurs de l'avenir    Mohammedia. Brahim Mojahid décroche un marché de voirie de plus de 173 millions de DH    Salon de l'Agriculture de Paris : Emmanuel Macron se dit fier" d'accueillir le Maroc comme invité d'honneur    SM le Roi félicite le Serviteur des Lieux Saints de l'Islam à l'occasion du Jour de la Fondation    France : Un mort et cinq blessés au couteau par un Algérien sous OQTF    Liga: le Barça s'impose à Las Palmas et se maintient en tête du classement    Afrobasket 25: Le Mali bat le Soudan du Sud et élimine le Maroc !    Botola D1: Le Wydad sans solutions face aux deux "bus" du CODM!    Botola D1: Le MAT renversé par le DHJ !    Casablanca: Interpellation d'un Français d'origine algérienne faisant l'objet d'un mandat d'arrêt international (source sécuritaire)    MAGAZINE : Booder, l'autodérision comme point nodal    Etats-Unis : Le Caucus des accords d'Abraham s'intéresse à l'éducation au Maroc et au Moyen orient    Global Soft Power Index : Le Maroc se maintient parmi les 50 pays les plus influents au monde    Suzuki Swift Hybride : CFAO lance les pré-commandes au Maroc    Poisson à prix raisonnable: plus de 4.000 tonnes et près de 40 villes durant le Ramadan    Diaspo #377 : Ilias Ennahachi, un multi-champion de kickboxing aux Pays-Bas    Marrakech : Le Complexe sportif Sidi Youssef Ben Ali rénové et livré    Gérard Larcher en visite officielle au Maroc : un signal fort pour les relations franco-marocaines    L'ancien ambassadeur d'Argentine au Maroc décoré du Grand Cordon du Wissam Al Alaoui    Morocco's Govt. Head inaugurates Kingdom's pavilion at Paris International Agricultural Show    À Témara, cinq enfants périssent dans l'incendie d'une habitation après l'explosion d'une bonbonne de gaz    Moroccan rapper «Hliwa» is facing charges over a social media post on President Macron    Espagne: Consulat mobile en faveur de la communauté marocaine de Toledo    Reprise des vols entre le Maroc et Israël après le Ramadan    CasaTourat, la nouvelle application destinée à faire découvrir le patrimoine de la ville    La Chine enregistre un record d'émission de certificats d'électricité verte en janvier    L'Algérie reprend secrètement ses livraisons de pétrole brut à Cuba    Botola : Les résultats et le programme de la 22e journée    Botola: Le Wydad Casablanca tenu en échec par le COD Meknès    Le Festival International du Film de Dublin 2025 rend hommage au cinéma marocain    Tanger Med : Avortement d'une tentative de trafic de 1.852 unités de pétards et de feux d'artifice    Salon International de l'Agriculture de Paris : Akhannouch aux côtés de Macron à l'inauguration officielle    La météo pour ce samedi 22 février    Alain Juillet : "Le Maroc a toujours été en pointe dans la lutte contre le terrorisme islamiste"    Cinéma : pour saluer Souleymane Cissé    Cinéma : dans "Mercato", Jamel Debbouze ne rigole pas    RDC : le HCR demande 40 millions de dollars pour aider les civils fuyant les violences    Théâtre Mohammed V : Les artistes marocains du monde à l'honneur    Xi Jinping appelle à un développement sain et de qualité du secteur privé    Violation des sanctions américaines : une cargaison secrète de pétrole algérien arrive à Cuba    La signature marocaine, référence internationale de la légitimité de la diversité et de l'altérité (André Azoulay)    L'Humeur : Quand le CCM se ligue contre les festivals    Une cache d'arme découverte dans une zone montagneuse ayant servi de base arrière à la cellule terroriste démantelée mercredi au Maroc    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



«Les TIC, une chance pour l'amazigh»
Publié dans Albayane le 06 - 05 - 2018

Al Bayane : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?
Younes Chaabi : Je suis Youness Chaabi, docteur en Mathématiques, Informatique et Application et chercheur en Sciences du Numérique au sein de l'Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) depuis 2018. Actuellement, j'occupe le poste de chercheur au sein du Centre des Etudes Informatiques, des Systèmes d'Information et de Communication (CEISIC).
Mon père et ma mère sont amazighophones. J'ai passé presque toute mon enfance à Kasba-Tadla, où j'ai poursuivi mes études primaires, secondaires et collège.
Je suis titulaire d'un baccalauréat en électrotechnique au lycée technique Mohamed V de Beni Mellal. J'ai obtenu ma licence en administration des bases de données et mon master en qualité du logiciel à l'Université Ibn Tofail de Kenitra.
Je suis titulaire d'un doctorat en mathématiques, informatique et application à l'Université Ibn Tofail de Kenitra au Maroc et d'un doctorat en informatique à l'université de technologie de Belfort en France. Actuellement, je travaille en tant que chercheur spécialisé en ingénieur pédagogique (E-Learning), traitement automatique des langues et l'analyse des données, à l'Institut Royal de la Culture Amazighe, au sein du Centre des Etudes Informatiques, des Systèmes d'Information et de Communication.
Qu'apportent les nouvelles technologies de communication et d'information au développement d'une langue en général?
Les linguistes dans le monde l'affirment : il y aurait environ 7 000 langues dans le monde, et cela n'inclut pas les dialectes ! Nous savons par exemple que sur le continent Africain, nous comptons plus de 2012 langues avec une population de 981 Millions d'habitants. Le continent asiatique compte plus de 2165 langues vivantes pour une population estimée à 4 milliards d'habitants. L'Amérique compte aux alentours de 1000 langues vivantes pour une population de 922 millions d'habitants. L'Europe compte environ 225 langues avec 740 millions d'habitants.
La diversité linguistique et culturelle est en perdition. Près de la moitié des 7 000 langues dans le monde pourraient disparaître d'ici la fin du siècle, avec 96 % de ces langues parlées par seulement 4 % de la population mondiale, selon l'UNESCO. Chaque jour, des dizaines de langues disparaissent, des langues qui jouent un rôle très important dans le développement, la consolidation de la coopération, la divergence culturelle et au dialogue interculturel, la préservation du patrimoine culturel et l'accès à une éducation de qualité pour tous.
Les technologies font partie de notre vie quotidienne. Ces technologies de l'information et de la communication (TIC) sont un ensemble de technologies avancées utilisées dans la majorité des cas pour communiquer, échanger et traiter l'information, de manière synchrone ou asynchrone, par différents canaux : sons, images, et textes. Via l'internet, par l'intermédiaire de simulateurs ou encore grâce aux « serious games », les TIC aujourd'hui s'invitent dans le développement des langues.
D'après mes recherches scientifiques et expériences dans ce domaine des TIC, je confirme que les TIC peuvent contribuer à l'évolution et à la préservation des langues et renforcer la diversité linguistique, moyennant la création de contenus de proximité en langues locales de chaque région et la distribution de ces contenus au niveau local comme au niveau mondial par les services haut débit.
En quoi les NTIC peuvent-elles offrir des avantages à l'amazighe?
L'utilisation des TIC, de l'internet, des smartphones et de la connectivité a offert à l'amazighe d'énormes possibilités. Malgré tout, ces mêmes possibilités recèlent bien des difficultés.
Il est certain que les outils d'informatisation de la langue amazighe jouent un rôle important dans son développement, sa préservation et sa sauvegarde. D'ailleurs, on peut constater que le web des données, les banques de données multimédias et les plates-formes d'apprentissage en ligne permettent déjà de conserver et de valoriser l'amazighe. En outre, Internet contribue à diffuser les productions culturelles amazighes à une échelle internationale, tout en facilitant l'échange d'informations entre spécialistes. Il permet aussi d'assurer le suivi de l'évolution du processus d'informatisation.
Les NTIC et les sciences du numérique sont les moyens les plus efficaces, à la fois, pour la transmission et le développement de la langue ainsi que la préservation et la promotion de la culture Amazighe.
Quel bilan dressez-vous des actions du CEISIC, en matière d'intégration de l'amazighe dans les NTIC?
L'IRCAM, à l'initiative du Centre des Etudes Informatiques, des Systèmes d'Information et de Communication (CESIC) a mis en œuvre une politique d'informatisation de la langue amazighe. Conscient du rôle des NTIC dans l'avenir des langues, les chercheurs du centre ont, dans ce sens, proposé une feuille de route pour doter l'amazighe d'outils assurant son fonctionnement comme les autres langues qui en sont équipées. Cette feuille structure le développement du projet d'informatisation de l'amazighe en tâches représentées par une chaîne partant des traitements élémentaires, passant par la constitution de briques de ressources et allant vers des applications génériques répondant généralement à des besoins. Cette chaîne va de l'adaptation et l'amélioration d'outils en fonction des nouvelles technologies jusqu'au développement d'applications, en se basant sur la recherche fondamentale.
Au niveau institutionnel, l'IRCAM a fait beaucoup de choses pour la langue Tamazight. Ses chercheurs ont travaillé à la réalisation et la mise en œuvre de plusieurs normes fondamentales des technologies de l'information et de la communication. Ces normes, et principalement celles du codage, permettront sa reconnaissance, son traitement et son exploitation par les outils informatiques. Les travaux de cette équipe de linguistes et d'informaticiens de l'IRCAM ont été derrière l'adoption du codage du tifinagh par l'Organisation internationale de normalisation (ISO). Cette reconnaissance de « ISO-Unicode » de l'alphabet amazigh a inauguré l'entrée de la langue amazighe dans les nouvelles technologies. L'IRCAM dispose d'une plate-forme de e-learning « école amazighe » facile d'accès.
Quels sont vos projets au sein du CEISIC?
Le CEISIC mène une importante activité de recherche, portant sur la promotion de la langue et la culture amazighes via les technologies d'information et de communication. Dans la perspective de consolider l'apprentissage de la langue amazighe en vue de sa maîtrise, le CEISIC a jugé nécessaire d'élaborer des ressources numériques dont l'objectif majeur est d'outiller les utilisateurs en mettant à leur disposition des cours de langue, des textes de lecture et des exercices d'auto-évaluation.
Suite à la feuille de route élaborée, les projets que je mène en collaboration avec mes collègues du CEISIC et en coopération avec les autres centres de notre Institut, à court terme, afin de maximiser le potentiel des TIC dans l'enseignement du langage, la réalisation et la mise en place d'une plateforme d'apprentissage à distance de la langue amazighe pour adulte, une plateforme MOOC offrant un catalogue de cours d'apprentissage de la langue amazighe qui corresponde aux besoins individuels des apprenants, ainsi qu'un dispositif d'auto-évaluation des connaissances des apprenants. À moyen terme, je participerai à la réalisation d'un traducteur automatique à base sur des algorithmes d'apprentissage automatique « Intelligence Artificielle » vers l'amazighe.
Etes-vous optimiste pour l'avenir de l'amazighe?
Je suis très optimiste sur l'avenir de la langue et la culture amazighes et je ne peux que prévoir une longue vie à la culture et la langue amazighes. Même si plusieurs dizaines de langues (surtout écrites) dans le monde disparaissent chaque année sur les quelque 7000 langues, la volonté de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, des parents, des chercheurs et de l'IRCAM sont là pour faire évoluer la langue et la préserver, la pousser vers l'avant et garantir la transmission de nos habitudes et traditions en les faisant apprendre aux petits.
Par ailleurs, l'intégration de la langue amazighe dans l'enseignement ne s'est réalisée qu'après la création de l'Institut Royal de la Culture Amazighe suite au Discours Royal du 17 octobre 2001. En outre, les moyens d'accès au savoir ne se sont diffusés que grâce aux contributions des chercheurs des différents domaines.
« Mais, pour combattre le phénomène de disparition des langues, il faut comprendre que les langues sont à la fois des outils de communication et des grilles de déchiffrement du monde. À partir de ce constat, si les langues comme outil de communication tendent vers l'unité, les langues comme expression d'une culture tendent vers la diversité. Il faut aller dans ce second sens».
Votre dernier mot
Toute langue est en danger quand elle perd de ses fonctions de communication dans la vie sociale. A l'ère de l'introduction des Technologies de l'information et de la communication (TIC), tamazight peut tirer le meilleur de la révolution numérique.
Je profite de cette occasion pour solliciter tous les amazighisants à déployer leurs efforts pour promouvoir et préserver notre langue. Finalement, je remercie le journal Al Bayane pour l'intérêt qu'il porte à la langue amazighe.
Je pense que les contextes sociaux, économiques et culturels du Maroc ont tous un impact sur l'apport des nouvelles technologies dans le développement de la langue amazighe et les attitudes envers son utilisation. Aujourd'hui, la population marocaine est plus ouverte sur les nouvelles technologies et applications innovantes dans l'apprentissage de la langue amazighe.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.