Que dire de la désormais célèbre «déclaration de Panmunjom» conclue entre Séoul et Pyongyang après une année marquée par l'exacerbation d'un conflit qui couvait depuis plus d'un demi-siècle déjà entre le Nord et le Sud de la Péninsule coréenne ? Les deux frères-ennemis ont-ils réellement enterré la hache de guerre? A première vue, il semble bien que oui. En effet, si l'on s'en tient aux propos du porte-parole de la présidence sud-coréenne, Kim Jong-un aurait rassuré, au cours de ses entretiens, son homologue sud-coréen quant à son intention de procéder, dans les semaines qui viennent, à la fermeture du site des essais nucléaires ; une opération qu'il compte entreprendre en présence d'experts venus de Corée du Sud et des Etats-Unis afin de «révéler le processus à la communauté internationale de manière transparente». Cette fermeture interviendra-t-elle avant ou après la rencontre du président nord coréen avec son homologue américain prévu dans les semaines à venir ? Il est encore trop tôt pour y répondre... Tout ce que l'on sait pour l'heure, c'est qu'au cours de ces pourparlers, le président nord-coréen aurait affirmé «les Etats-Unis nous trouvent repoussants mais une fois que nous parlerons, ils se rendront compte que je ne suis pas quelqu'un qui va tirer une arme nucléaire sur le Sud ou viser les Etats-Unis» se permettant même d'ajouter «si nous nous voyons souvent (avec Washington), si nous construisons la confiance, mettons fin à la guerre et finalement qu'on nous promet qu'il n'y aura pas d'invasion, pourquoi vivrions-nous avec des armes nucléaires ?». Dès le lendemain de cette rencontre, le président Donald Trump a contacté son homologue sud-coréen pour lui signaler que ce sommet est «une bonne nouvelle non seulement pour les deux Corées mais aussi pour le monde entier» dès lors que les deux dirigeants s'y sont engagés sur « une dénucléarisation complète de la péninsule». Le président Moon Jae-in a, pour sa part, saisi cette occasion pour faire part au président américain de son souhait de voir se tenir le plus rapidement possible le sommet prévu entre Washington et Pyongyang; ce à quoi Donald Trump a répondu que cette rencontre «va être un rendez-vous très important» puisqu'il y sera question de «la dénucléarisation de la péninsule coréenne» avant d'ajouter à l'adresse de ceux qui l'accusaient de vouloir plonger le monde dans une guerre nucléaire «Non, la force va nous préserver de la guerre nucléaire», d'afficher son «impatience» de s'entretenir avec son homologue nord-coréen mais – et c'est cela le plus important – non sans prendre, toutefois, la peine d'émettre des doutes quand à la réussite d'une rencontre qui aurait aussi des chances de «tourner court» précisant : «ce qui arrivera arrivera... ça peut ne pas marcher (et, dans ce cas) je pars». Mais pourquoi donc Donald Trump émettrait-il des doutes quant à la réussite de sa prochaine entrevue avec le président nord-coréen tant attendue par le monde entier ? Le président américain aurait-il compris que c'est peut-être aussi à cause de son bellicisme outrancier et de son désir manifeste de mettre la région à feu et à sang pour y maintenir l'emprise américaine que les deux frères-ennemis se sont jetés l'un dans les bras de l'autre ? La politique menée par Trump aurait-elle eu un effet contraire à celui que Washington escomptait ? Quoiqu'il en soit et même si la question reste posée et que l'Histoire y répondra, rien n'importe plus aujourd'hui que de faire vivre à la péninsule coréenne une nouvelle ère de concorde et de paix. Alors, attendons pour voir...