Il ne s'est pas passé un 30 mars depuis 1976 sans que l'Etat hébreu ne persécute des Palestiniens désarmés. Pour ceux-ci ainsi que tous les solidaires de leur cause partout dans le monde, le 30 mars est une journée qui marque l'attachement aux racines et à la cause juste contre l'occupation, qui s'obstine à chaque commémoration de ce mois symbolique, à sévir contre toutes formes de résistance de ce brave peuple. Cette année, ils étaient seize à écrire leurs noms avec des lettres en or sur la très longue liste des martyrs de la cause palestinienne. Ces Gazaouis tués par l'armée d'occupation ainsi que les 1 400 blessés par balle ou gaz lacrymogène lors de la répression des manifestations pacifiques du vendredi dernier ont, en effet, exaucé leur vœu de prouver au monde entier que la succession des années et la souffrance au quotidien ne peuvent avoir d'incidence sur leur attachement indéfectible à leurs terres ancestrales. Habituée à réprimer violemment les marches de commémoration de cette journée, l'armée de l'occupation israélienne a été particulièrement violente cette année, faisant de ce 30 mars 2018 une journée des plus meurtrières ces dernières années dans le conflit en Palestine. Une brutalité qui n'a pas laissé indifférent le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, et la diplomatie des grandes puissances, notamment, la Russie et l'UE qui ont réclamé une enquête indépendante. Craignant une détérioration de la situation, le secrétaire général de l'ONU a, en soulignant l'impératif de protéger les civils et de n'utiliser la force létale qu'en dernier ressort, appelé à «une enquête indépendante et transparente sur ces incidents». Une enquête qui est vite tombée dans les oubliettes malgré l'appui de certains pays de la Communauté européenne et de la Russie qui a condamné dès samedi l'«utilisation aveugle de la force contre la population civile». Et pour cause : les Etats-Unis ont bloqué, samedi, le projet de déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU, appelant à l'ouverture de ladite enquête. En effet, le projet présenté par le Koweït, au nom des pays arabes membres du Conseil de sécurité, a fait l'objet d'objections états-uniennes, laissant ainsi les israéliens se moquer à leur guise de la légalité et du droit international. Les objections de l'oncle sam ont porté sur la réaffirmation du «droit à protester pacifiquement» des Palestiniens et sur l'expression de «la peine des membres du Conseil face à la perte de vies palestiniennes innocentes !». Sur ce registre, le ministre de la défense de l'état hébreu a réagi en considérant que « les soldats israéliens ont fait ce qui était nécessaire » et en affirmant, non sans orgueil excessif, qu'«il n'y aura pas de commission d'enquête». Pour sa part, le Maroc a condamné avec force les tirs des forces d'occupation israéliennes contre des Palestiniens. Un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale (MAECI) a souligné que le Royaume, dont le Souverain préside le Comité Al Qods, dénonce le recours par les forces d'occupation israéliennes à la force excessive, faisant fi du caractère pacifique des manifestations. Loin de ces réactions sans impact, il y a lieu de souligner que l'hommage annuel rendu aux Arabes de 1948 tués lors de manifestations en 1976 contre les confiscations de terres arabes en Galilée, promettait durant l'année en cours de marquer les annales du conflit. Le mouvement de protestation qui ne prend fin, comme à l'accoutumée, que le jour de la «Nakba» 15 mai 1948 (déplacement de centaines de milliers de Palestiniens lors de la création de l'Etat hébreu) de chaque année intervient dans un contexte particulier qui rappelle celui de la deuxième Intifada déclenchée le même jour de 2001. Alors que les sionistes se refusent à l'idée d'un Etat palestinien et excluent le droit au retour des Palestiniens, le statut d'Al Qods est venu en rajouter une couche depuis que le président américain Donald Trump a décidé de reconnaître la ville comme capitale d'Israël et d'y transférer l'ambassade des Etats-Unis. Les Palestiniens qui se sont rassemblés vendredi, tout au long des 65 kilomètres de frontières entre la bande de Gaza et l'Etat sioniste sont venus commémorer un soulèvement, mais aussi dire au monde entier qu'ils sont prêts à tout pour paver la voie de la libération.