Le Chef du gouvernement, M. Saâd Eddine El Othmani, a indiqué, jeudi, que des dizaines de responsables sont poursuivis pour corruption, et que leurs dossiers sont traités par la justice « qui dira son dernier mot ». Dans une allocution lors du Conseil de gouvernement, M. El Othmani a relevé que plusieurs responsables font l'objet actuellement d'une enquête, dont certains sont en cours de jugement. « Nous n'avons pas le droit de dénoncer une personne parce qu'elle a été arrêtée. Elle peut être innocente et toute personne accusée est innocente jusqu'a ce que la justice dise son dernier mot », a dit le chef du gouvernement. M. El Othmani a indiqué que sur la base des interventions des autorités judiciaires et des autorités concernées par la lutte contre la corruption, des dizaines d'affaires ont été soumises à la justice, sur la base soit des plaintes directes des citoyens ou via le numéro vert du ministère de la Justice, ou sur la base des rapports des inspections générales et des autres inspections, ou des rapports de la Cour des comptes. « Toutes ces affaires sont soumises aux autorités concernées pour faire le nécessaire, et si elles disposent de tous les critères, elles sont soumises à la justice qui doit trancher et dire son mot », a-t-il affirmé. Evoquant, par ailleurs, la détermination du gouvernement quant à la mise en oeuvre du chantier de lutte contre la corruption, M. El Othmani a indiqué que la Commission nationale de lutte contre la corruption tiendra sa réunion dans un mois, après que toutes les sous-commissions auront terminé leurs rapports, faisant part de son souci d'accorder à ce chantier une grande importance. Le chef du gouvernement a relevé dans ce cadre que le fait de ne pas lier la responsabilité à la reddition des comptes et l'absence de sanctions en cas de violation des procédures ou dans des cas de corruption encouragent ce fléau dans la société. Il a mis l'accent sur l'importance qu'il attache au sujet de la lutte contre la corruption, qui est une responsabilité de tous, gouvernement, autorités publiques, société civile et secteur privé, et concerne aussi les chercheurs, appelant à cette occasion les médias à être un partenaire et à jeter la lumière sur les affaires de corruption. « Si notre pays a réalisé un progrès en matière de lutte contre la corruption, ce progrès reste insuffisant et nous sommes insatisfaits. Nous aspirons à davantage de progrès et à la réalisation du meilleur pour notre pays dans le présent et l'avenir », a encore affirmé M. El Othmani. Il a, d'autre part, souligné que le gouvernement s'attelle actuellement à la révision d'un certain nombre de lois et de décrets « pour hisser le degré de la transparence à tous les niveaux », à commencer par le chantier du gouvernement électronique, relevant que le développement des services électroniques est une manière de hisser le degré de la transparence et le rythme du suivi des affaires. Le chef du gouvernement a rappelé dans ce cadre le lancement dernièrement du Portail national des réclamations, qui donne au citoyen le droit d'adresser ses réclamations directement et de suivre les réactions des administrations. Il s'agit d'une formule à travers laquelle le gouvernement entend déterminer les administrations qui répondent aux plaintes des citoyens et celles qui ne le font pas, que ce soit en ce qui concerne les délais ou le contenu des réponses, a poursuivi M. El Othmani. Revenant sur le rapport publié dernièrement par Transparency International sur l'indice de corruption, et qui a montré que le classement du Maroc s'est amélioré passant du 90-ème au 81ème rang, M. El Othmani a estimé que ce résultat est « positif, mais insuffisant », appelant à faire de la lutte contre la corruption un projet sociétal et une responsabilité collective. Le gouvernement assume sa responsabilité dans ce domaine et a commencé à traiter la question de lutte contre la corruption avec « audace », a conclu M. El Othmani. (MAP) Le nombre des cas de corruption dénoncés est passé de 7.000 à 13.000 annuellement Le nombre des cas de corruption dénoncés est passé de 7.000 à 13.000 annuellement, et ce depuis le lancement en 2015 du numéro vert de lutte contre la corruption par le ministère de la Justice et des Libertés, a indiqué, jeudi à Rabat, le ministre délégué chargé des Relations avec le parlement et la Société civile, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi. Depuis le lancement de ce numéro vert, plusieurs personnes ont été condamnées à des peines de prison dans 31 affaires de corruption, a précisé M. El Khalfi qui répondait à une question sur les mesures prises par le gouvernement pour faire face à la corruption et aux malversations. En plus, a-t-il ajouté, le gouvernement a pris d'autres mesures consistant plus particulièrement en la protection des personnes qui dénoncent des cas de corruption, outre des dispositions juridiques pour mettre en place un système efficace de transparence, notant que les résultats de ces mesures sont « palpables » d'autant plus que le Maroc a amélioré de neuf places son classement mondial dans l'Indice de perception de la corruption (IPC) en 2017 de Transparency, par rapport à l'année précédente. Selon M. El Khalfi, la lutte contre la corruption figure parmi les grandes priorités du gouvernement qui a procédé, a-t-il expliqué, à la création du Comité national de lutte contre la corruption et à la mise en place de la Stratégie nationale de lutte contre ce fléau en partenariat avec des acteurs de la société civile.