L'affaire de l'enlèvement et de séquestration d'un avocat paraissait, au départ, comme un fait divers grave. Mais, les nouveaux éléments versés à ce dossier propulsent cette affaire au devant de la scène politique nationale. Car le kidnapping a été accompli par des dirigeants de l'Association Al Adl wa al Ihsane (justice et bienfaisance). 7 parmi eux ont été appréhendés, sur ordre du Parquet de Fès. L'affaire étant assimilable au terrorisme, c'est la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) qui a été chargée de cette affaire. Selon des sources locales, les éléments de la BNPJ ont procédé à la perquisition des domiciles des accusés et saisi divers document et matériel informatique. Les présumés coupables ont été transférés à Casablanca où l'instruction se poursuit. Ils devront être présentés devant la justice aujourd'hui, selon des sources casablancaises. Ces faits sont contestés par l'Association d'Abdeslam Yassine, dont quelques dirigeants sont montés au créneau pour crier au scandale de « la manipulation policière ». La version du mouvement intégriste est opposée totalement à celle contenue dans la plainte de l'avocat et aux résultats des premières investigations de la BNPJ. La victime, dans sa plainte, affirme qu'il a été kidnappé pendant 5 heures au cours desquelles ses ravisseurs l'auraient torturé, physiquement et moralement. Selon lui, cet acte vindicatif serait dû à des divergences entre lui et le mouvement d'Abdeslam Yassine, dont les pratiques sont douteuses et extrémistes. Mais pour la direction d'Al Adl, il s'agit d'une opération d'infiltration des services qui aurait échoué, alors que le plaignant affirme qu'il a été menacé, lui et sa famille, s'il ne renonçait pas à sa démission de la présidence du secteur des avocats de Fès, l'Alliance des avocats d'Al Adl Wal Ihssane. Des dirigeants du mouvement de Yassine reconnaissent, cependant, qu'une discussion «calme et sereine» a eu lieu entre les personnes arrêtées et le plaignant et nient qu'un piège était tendu au contestataire. Dès lors, si les «pacifistes» d'Al Adl estiment que l'avocat est une «taupe», pourquoi ont-ils perdu leur temps, en essayant de le dissuader de démissionner ? Ces interrogations reposent la sincérité du mouvement intégriste qui se défend d'user de la violence. Le commun des mortels connaît les procédés du mouvement contre ceux qui refusent de le suivre. Ils se veulent comme Dieu sur terre et justifient leurs moyens par la justesse de leur fin. Ils se posent en défenseurs inconditionnels de la religion et font fi des lois, et ne reconnaissent que le droit naturel.