La décision du président Donald Trump de modifier le statut de Jérusalem et de l'ériger au rang de capitale de l'Etat hébreux a suscité une vague d'indignation et de mécontentement sans précédent dans le monde arabe et bien au-delà et relancé la question centrale du conflit opposant les palestiniens à l'entité sioniste dès lors qu'avec ses lieux saints juifs, chrétiens et musulmans la ville a toujours constitué un sujet passionnel. C'est pour cette raison, d'ailleurs, qu'en votant en 1947 le partage de la Palestine en deux Etats, l'un arabe et l'autre juif, les Nations Unies avaient exclue la ville sainte de ce «plan de partage» la laissant sous le contrôle de l'O.N.U. en arguant que son «statut final» devra être négocié par les deux parties. Pourtant, dès 1949 et la fin du mandat britannique sur la Palestine, le jeune Etat israélien avait décidé, unilatéralement, de transférer sa capitale de Tel-Aviv à Jérusalem-Ouest puis, à l'issue du conflit arabo-israélien de 1967, d'annexer la partie orientale de la ville alors même que les palestiniens avaient déjà annoncé au monde entier leur souhait d'en faire la capitale de leur futur Etat. L'Etat sioniste déclara alors que Jérusalem «ainsi unifiée» était devenue sa capitale «indivisible et éternelle». Or, nonobstant l'annexion de Jérusalem-Est par l'Etat hébreux et la «validation» en 1980 par la Knesset de cette flagrante méprise en vertu d'une prétendue «loi fondamentale», son incorporation à Israël n'a jamais été reconnue par cette même communauté internationale qui exhorte, aujourd'hui, le Président américain à ne point «jouer avec le feu». Le Président américain ayant opposé une fin de non-recevoir aux doléances de l'ensemble de la communauté internationale, la colère a grondé, dès ce mercredi, dans les territoires occupés, des heurts ont éclaté aussi bien à Jérusalem-Est qu'en Cisjordanie entre civils palestiniens et Tsahal et le malheureux chassé-croisé -lancement de roquettes à partir de la bande de Gaza/raids aériens israéliens contre les palestiniens- a repris de plus belle. Aussi, en étant soucieux d'apporter une réponse appropriée à la malheureuse décision prise par Trump, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue Arabe se sont réunis ce samedi soir au Caire. Au cours de leur rencontre, les diplomates arabes ont condamné l'initiative du Président américain visant l'annulation unilatérale du corpus separatum par lequel l'O.N.U. avait, dans le cadre du plan de partage de la Palestine en 1947, conféré à la ville de Jérusalem un statut unique qui ne la mettait ni sous souveraineté arabe ni sous souveraineté juive et estimé que, par un tel acte, les Etats-Unis se sont «retirés comme parrains et intermédiaires du processus de paix» au Proche-Orient. En outre, dans une résolution publiée dimanche matin, la Ligue arabe a exigé l'annulation de la décision prise par Donald Trump et, dans la foulée, appelé la communauté internationale à reconnaitre un Etat palestinien «avec Jérusalem-Est comme capitale». Pour rappel, dès mardi dernier et avant même que le Président américain n'officialise sa décision, la Ligue arabe avait mis en garde les Etats-Unis contre une telle démarche et exhorté Donald Trump à ne point «jouer avec le feu» en lui signifiant que cette initiative constituerait «un assaut clair contre la Nation arabe». Dénonçant, de son côté et avec force la décision américaine, le Président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a déclaré, ce samedi, qu'il n'était plus disposé à recevoir, comme convenu et dans les prochains jours, le Vice-Président Mike Pence en tournée dans la région. Ainsi, si aujourd'hui la violence qui bat son plein dans les territoires occupés ne semble pas sur le point de s'éteindre alors que le nombre des morts et des blessés qui commencent à joncher le sol va crescendo, la responsabilité incombe, en premier lieu, à ce président de la plus grande puissance mondiale qui s'est clairement départi, cette fois-ci, de la neutralité qui échoit à son pays en enfilant le costume d'un pyromane attisant un feu prompt à ravager la région et le monde!