Dédaignant les nombreuses mises en garde de la communauté internationale, Donald Trump a délibérément tiré un trait, ce mercredi, sur la prétendue neutralité de son pays dans le processus de paix au Moyen-Orient en annulant unilatéralement le corpus separatum par lequel, en 1947 et dans le cadre du plan de partage de la Palestine, l'O.N.U. avait conféré à la ville de Jérusalem un statut unique qui ne la mettait ni sous souveraineté arabe ni sous souveraineté juive. Or, bien qu'après la guerre des Six Jours de 1967, Israël ait annexé la partie est de la ville et entériné cette méprise en 1980 par une «loi fondamentale», cette situation n'a, à ce jour, jamais été reconnue par la communauté internationale. Mais, en allant à l'encontre de toute logique, le Président américain a fait fi, ce mercredi, des demandes par lesquelles presque toutes les chancelleries du monde lui avaient demandé de «ne pas jouer avec le feu» en modifiant le statut de Jérusalem. En remettant, ainsi, en cause «ce symbole politique et religieux hautement inflammable» que représente cette ville aux yeux des Palestiniens et du monde, le nouveau locataire de la Maison Blanche a, d'un seul coup, dénoncé la politique dite de «neutralité» que les Etats-Unis mènent dans la région depuis près de cinquante ans. Annonçant au monde entier, au pied d'un portrait de George Washington, que «les Etats-Unis restent déterminés à aider à faciliter un accord de paix acceptable pour les deux parties», l'actuel locataire de la Maison Blanche a déclaré vouloir faire «tout ce qui est en (son) pouvoir aider à sceller un tel accord » et pour parvenir à une «solution à deux Etats»... Mais de quels Etats parle-t-il et qui essaie-t-il de tromper alors que l'implantation des colonies n'a jamais cessé et que le territoire où vivent les palestiniens n'est plus viable dès lors que l'édification d'habitations pour les colons s'y est poursuivie sans vergogne et sans relâche au mépris des lois et règlements internationaux et des nombreuses résolutions onusiennes. Et même s'il n'a pas repris la formulation officielle des dirigeants de Tel Aviv qui voudraient que Jérusalem soit leur capitale « unifiée et éternelle», Donald Trump n'a pas non plus évoqué Jérusalem-Est que les Palestiniens veulent ériger au rang de capitale de leur Etat. Prenant la parole lors d'une conférence diplomatique organisée ce même jour par le «Jerusalem Post», le premier ministre israélien a parlé de tout sauf du statut de Jérusalem alors que, de l'autre côté, il semblerait que ce coup de force «soude temporairement les factions palestiniennes » notamment après que les Etats-Unis aient menacé, il y a deux semaines, de fermer la représentation de l'OLP à Washington et que mardi, le Congrès a voté ce fameux «Taylor Force Act» qui va réduire le montant des subventions américaines perçues par l'Autorité palestinienne au motif que cette dernière «ne lutterait pas assez contre le terrorisme». Autant de faits qui font dire à Nabil Shaat, proche conseiller du Président de l'Autorité palestinienne, que «l'Amérique n'est pas un négociateur honnête» et de pousser ce dernier de s'interroger sur la manière de «négocier la paix quand le négociateur commence par détruire l'essence-même de la solution à deux Etats». Ainsi, si le Fath de Mahmoud Abbas a appelé à «trois jours de colère» et que le Hamas a, de son côté, clairement annoncé son intention de tenir tête à «l'occupant» après la prière du vendredi, tout cela va immanquablement enflammer la rue et faire tâche d'huile du moment que les dirigeants palestiniens seront impuissants à calmer la population si le statut de ce troisième lieu saint de l'Islam que constitue la mosquée Al Qods est remis en cause d'une manière ou d'une autre ; ce qui fait dire à Nabil Shaath qu'en ce cas, Daesh pourrait aussi appeler à sauver Jérusalem qui risquerait ainsi «devenir le prétexte de tous les extrémismes». Au vu de tout cela, il semblerait donc que la paix dans la région n'est pas pour demain mais, qu'au contraire, le risque d'explosion est imminent...