Des peines allant jusqu'à 18 ans de prison ont été requises mardi contre cinq hommes jugés depuis le 14 juin à Paris pour une affaire de vrai-faux hold up destiné, selon l'accusation, au financement du terrorisme. Près d'un million d'euros avaient été dérobés le 1er mars 2004 dans plusieurs coffres et distributeurs automatiques de billets d'agences bancaires de Seine-Saint-Denis, dans la banlieue nord de Paris. L'argent n'a jamais été retrouvé. Le procureur Olivier Bray a tenté de démontrer le parcours "jihadiste" et les visées terroristes d'au moins deux accusés, Zine Eddine Khalid et Abdelnasser Benyoucef qui, selon le témoignage d'un policier, se sont entraînés ensemble dans des camps d'Al-Qaïda en Afghanistan. Les peines les plus lourdes, 18 ans de réclusion criminelle assortie d'une peine de sûreté des deux tiers et d'une interdiction définitive du territoire français, ont été requises contre deux Algériens, Zine Eddine Khalid, 47 ans, et Abdelnasser Benyoucef, 37 ans. Benyoucef qui, selon l'accusation, s'est enfui en Algérie après les faits, est jugé par contumace. Zine Eddine Khalid a déjà été condamné à six ans de prison dans une autre affaire de terrorisme, dite des "filières tchétchènes" qui fomentaient des attentats islamistes en France en 2001-2002. Le parquet a requis 10 ans de réclusion contre le Franco-Marocain Hassan Baouchi, 29 ans, employé de la société de convoyage de fonds Brink's, qui avait d'abord affirmé avoir été victime d'un hold-up. Baouchi avait ensuite dû avouer qu'il avait simulé son agression et participé au vol lorsqu'un autre homme, Fred Gustave, 41 ans, entendu dans une procédure distincte, avait révélé cette affaire dans laquelle il était lui-même impliqué comme receleur. L'avocat général a requis quatre ans de prison contre Fred Gustave, un antillais converti à l'islam. Contre le cinquième homme, poursuivi pour avoir caché pendant plusieurs semaines une partie du butin, Djamel Khalid, 50 ans, frère de Zine Eddine Khalid, l'accusation a demandé quatre ans. Le procès se poursuivait mardi en fin de journée avec les premières plaidoiries de la défense qui comptait notamment démontrer "l'absence totale de preuves matérielles" d'un lien entre cette affaire et le terrorisme. "C'est un dossier de droit commun, le terrorisme est une vue de l'esprit", a déclaré en marge de l'audience Me Dominique Many, un des avocats de Djamel Khalid. Le faux hold up s'est déroulé quelques mois après les attentats de Casablanca au Maroc (45 morts le 16 mai 2003) et quelques jours avant ceux de Madrid (191 morts le 11 mars 2004), qui auraient tous deux été commandités par le Groupe islamiste des combattants marocains (GICM), groupe salafiste lié à Al-Qaïda. Selon l'accusation, Benyoucef aurait des liens avec le GICM, de même que le frère de Hassan Baouchi, Mustapha Baouchi, condamné à dix ans de prison pour avoir participé au soutien logistique des auteurs des attentats de Casablanca. Le procès du braquage, qui était prévu jusqu'à vendredi, pourrait s'achever mercredi soir, jeudi au plus tard.