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Le Marocain de l'affaire Brink's
Publié dans La Gazette du Maroc le 13 - 12 - 2004


Hassan Baouchi
Hassan Baouchi relance les débats sur le financement occulte du GICM (Groupe islamiste combattant marocain).
C'est un Marocain, ex-convoyeur de fonds qui est aujourd'hui soupçonné d'avoir participé au braquage de distributeurs automatiques de billets début mars 2004 pour financer un mouvement terroriste. Une mise en examen à Paris qui revoit ses positions sur les leaders du GICM et les réseaux qui ont financé les attentats de Casablanca et de Madrid.
C'est le bureau du juge Jean Louis Bruguière qui instruit une information judiciaire sur les attentats de Casablanca au Maroc en mai 2003 avec le juge Jean-François Ricard qui ont mis en examen Hassan Baouchi, 23 ans, pour “association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste” et “financement du terrorisme”. L'arrestation survient huit mois après une première mise en examen en avril 2004 qui s'est soldée par une libération du Marocain.
Ce dernier a été interpellé jeudi 18 novembre 2004 suite à l'arrestation d'un autre islamiste radical présumé d'origine antillaise, qui, lui, a été interpellé lundi 22 novembre et mis en examen vendredi par le juge Ricard pour les mêmes chefs d'inculpation. Il s'agit de l'un des responsables de l'Association culturelle des Musulmans d'Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, qui gère la mosquée de la ville. Fred G..., de son nom, converti à l'islam, est soupçonné d'avoir été en contact avec le Groupe islamique combattant marocain (GICM). Fred G... a révélé le modus operandi de ce braquage organisé par plusieurs personnes. Il a indiqué avoir lui-même “participé à une première opération de repérage et gardé une partie du butin à son domicile pour le compte de l'employé de la Brink's”. “Un sac à dos rempli de billets pesant au moins 10 kg”, a-t-il expliqué aux enquêteurs.
Il faut souligner très vite que la cellule française du GICM comprenait dans ses rangs le frère de Hassan Baouchi, Mustapha. Selon la DST, “cette cellule n'avait pas de projet terroriste en France mais elle aurait apporté un appui logistique aux auteurs des attentats du 11 mars à Madrid”. “Vétéran de la guerre en Afghanistan, Mostapha Baouchi est considéré comme le responsable de la cellule du GICM basée en France”. Selon la police française, contactée par la Gazette du Maroc, il y a un troisième larron, soupçonné d'avoir participé aux braquages, qui a été interpellé en Algérie en octobre 2004. Selon nos sources, il s'agit de Nasser B..., “ très connu dans les milieux radicaux“. Lors de son arrestation en Algérie, il avait en sa possession 40 000 euros. Il faut aussi préciser que ce groupe arrêté a un lien solide avec les filières tchétchènes, “qui porte sur un projet d'attentat chimique contre les intérêts russes en France”.
C'est là une affaire qui ouvre plusieurs connexions à la fois marocaine, française et algérienne et qui vient corroborer la thèse d'un travail conjoint entre membres du GIA, du GSPC, du GICM et des activistes français du jihad entre filières tchétchènes et ex de l'Afghanistan.
1 million d'euros volatilisé
Selon plusieurs sources judiciaires en France, il n'y a plus l'ombre d'un doute. L'argent volé, qui avoisine plus d'un million d'euros, “a servi à financer les activités terroristes du Groupe islamique combattant marocain (GICM)”. Il y aurait des preuves irréfutables sur cette voie de financement empruntée par le groupe salafiste marocain et des activistes essaimés en Europe, notamment en France et en Belgique. Les liens avec le groupe de Hollande, responsable entre autres de l'assassinat de Théo Van Gogh, se précisent de jour en jour. Ce qui fait dire à un responsable de la DST française, contacté par la Gazette du Maroc: “que les premiers soupçons se sont avérés justes. Aujourd'hui, le GICM apparaît comme le réseau le plus actif d'Europe et tous les spécialistes du terrorisme sont d'accord sur ce point”.
Il faut rappeler, par ailleurs, que le Marocain mis en examen était un technicien dabiste chargé d'entretenir et d'alimenter les distributeurs automatiques de billets connus aussi sous le nom de DAB. Hassan Baouchi qui travaillait à la société Brink's avait prétendu avoir été pris en otage le 1er mars en Seine-Saint-Denis par quatre malfrats armés qui “l'avaient obligé à ouvrir plusieurs coffres-forts, où sont stockés les fonds notamment destinés à alimenter les DAB”. Selon la police française, les déclarations
du Marocain n'ont pas été convaincantes, mais les enquêteurs ont été obligés de le libérer au bout de deux jours de garde-à-vue. “Nous n'avions rien de solide. Aujourd'hui la situation est différente puisque nous avons de nouveaux éléments qui l'impliquent de façon certaine”. Pour l'un des porte-parole de la Brink's, Eric Ehrsam, il est “tout à fait étonnant qu'on puisse vider plusieurs DAB comme cela
dans la matinée comme au supermarché”. Il ajoute que “c'est le modus operandi qui nous a paru extrêmement suspect et la facilité déconcertante que nous avons constatée de vider comme ça des distributeurs de billets qui sont extrêmement bien protégés”.
Les filières sortent de l'ombre
Ce qui est nouveau dans cette affaire à rebondissements, c'est l'arrestation mercredi 24 novembre de quatre personnes, dont le frère d'un des trois Français encore détenus à Guantanamo. Selon une source proche du dossier, “ils ont tous été interpellés dans le cadre d'une enquête sur de faux braquages destinés à financer le terrorisme islamiste”. C'est d'abord Jamel Khalid, frère de Ridouane Khalid, encore détenu dans la base américaine de Guantanamo qui a été interpellé mardi dernier en Seine-Saint-Denis, au nord de Paris, en compagnie de son épouse. Il est suspecté d'avoir gardé au moins une partie du butin provenant de faux braquages organisés par le groupe d'islamistes présumés. Un autre de ses frères a déjà été incarcéré en France dans le cadre des enquêtes sur les filières tchétchènes. La DST dispose aujourd'hui d'écoutes qui attesteraient des liens entre les frères Baouchi et l'enquête sur les “filières tchétchènes” d'envoi de djihadistes dans la République caucasienne : “plusieurs islamistes qui figurent dans les deux dossiers sont originaires d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et se connaissent depuis l'enfance”, apprend-on de source très proche de l'enquête. Un autre couple, dont l'identité n'a pas été révélée, a été interpellé dans le sud de la France, dans le même cadre. Selon les mêmes sources, l'homme est suspecté d'être plus étroitement impliqué que Jamel Khalid dans les faux braquages.
Ce que les sources françaises ne veulent pas encore annoncer, c'est qu'elles sont déjà sur la piste d'autres Marocains en France et au Maroc en liaison avec “l'émir aux yeux bleus”, Richard Pierre.


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