Parmi les suspects interpellés, lundi matin, dans la banlieue parisienne lors d'une opération visant des islamistes soupçonnés d'être liés au Groupe islamique combattant marocain (GICM), trois étaient visés par un mandat délivré par le Maroc, suite aux attentats du 16 mai à Casablanca. Qui sont-ils ? Trois des suspects, arrêtés par la DST en banlieue parisienne, étaient visés par un mandat international délivré par le Maroc. Ces personnes auraient constitué une cellule islamiste en France liée au Groupe islamique combattant marocain (GICM), principal responsable des attentats de Casablanca et suspect numéro 1 dans ceux de Madrid. Le chef présumé de cette cellule, composée de six personnes, se nomme Moustapha Baouchi. Il est établi aujourd'hui que ce suspect fait partie de ceux qu'on nomme les Marocains afghans. Né en 1975, Moustapha Baouchi est parti dans les camps d'entraînement militaire en Afghanistan au moins à deux reprises : en 1998 et 2000, selon les enquêteurs. Il s'y est exercé au maniement des armes et des explosifs. Ce spécialiste en électronique n'a rien à se reprocher en France. Il n'a opéré aucune action criminelle dans ce pays, mais a endoctriné d'autres personnes. A commencer par son frère Hassan Baouchi, un employé de Brinks, une société chargée d'alimenter les distributeurs automatiques de billets (DAB). Début mars, il avait déclaré avoir été pris en otage par trois inconnus qui l'ont forcé à retirer de fortes sommes dans six distributeurs. Hassan Baouchi a piloté ses trois agresseurs dans six banques, a ouvert les coffres-forts et les DAB durant dix heures pour les “voleurs“. Le tout sans jamais actionner les systèmes d'alerte discrets et sophistiqués. Les policiers ont douté de la véracité de cette mésaventure, mais s'étaient heurtés à une absence d'éléments incriminant l'intéressé. Aujourd'hui, la brigade de répression du banditisme se demande s'il ne s'agit pas d'un coup monté pour financer le GICM. L'identité du troisième suspect n'a pas été révélée, mais il présenterait un profil similaire à celui des “vétérans afghans“. Au demeurant, les perquisitions réalisées aux domiciles des suspects n'ont pas permis de découvrir d'armes ou d'explosifs. «Nous n'espérions naturellement pas en trouver. En règle générale, les suspects stockent rarement ce type de matériel chez eux», déclare une source policière au quotidien français “Le Figaro“. De la documentation à caractère islamiste et des téléphones portables ont en revanche été saisis. L'exploitation des communications passées par les suspects devrait permettre de confirmer leurs liens avec d'autres extrémistes ou de révéler des relations pour le moment inconnues. Aujourd'hui, les portables sont au cœur de plusieurs attentats terroristes. A Madrid, ils ont à la fois servi et piégé les terroristes. La fonction d'alarme des téléphones portables a été utilisée pour enclencher le mécanisme des bombes que les terroristes avaient déposées à l'intérieur de sacs dans quatre trains de banlieue. Le pistage des appels a ensuite mené à l'appartement de Léganés, dans la banlieue sud de Madrid, où cinq terroristes se sont suicidés à l'explosif, samedi soir, tuant un policier. A rappeler que les policiers, qui ont arrêté les trois suspects marocains en banlieue parisienne, agissaient dans le cadre d'une information judiciaire confiée aux juges antiterroristes français, Jean-François Ricard et Jean-Louis Bruguière. Ce dernier s'était rendu au Maroc le 25 mars pour finaliser l'opération de la banlieue parisienne, centrée sur les ramifications du GICM en relation avec les attentats de Casablanca.