«Il n'y a même pas de réflexion là-dessus». C'est ainsi que Saâd Eddine El Othmani, qui était hier l'invité du forum de la Map, s'est prononcé sur l'éventualité d'un remaniement ministériel élargi. Par contre, «les discutions sont en cours pour créer un ministère délégué chargé des Affaires africaines», a fait savoir le chef du gouvernement sans livrer plus de détails. Des rumeurs circulent sur une éventuelle entrée de l'Istiqlal au gouvernement depuis l'annonce de la création de ce nouveau département dans le discours royal prononcé vendredi à l'occasion de la rentrée parlementaire. En tout cas, ce scénario n'a été ni confirmé ni infirmé par El Othmani qui a surtout insisté sur l'esprit d'équipe qui caractérise l'actuelle majorité gouvernementale. Sur la révision du modèle de développement, le chef du gouvernement a indiqué qu'une commission sera mise en place pour corriger les dysfonctionnements pointés dans le discours royal. Les failles sont connues depuis bien longtemps. «Une étude réalisée dans ce sens avait relevé une série de défaillances», a souligné le ministre. Mais il a fallu le discours royal pour accélérer la réforme de ce modèle qui, selon le Souverain, ne permet plus de satisfaire les demandes et les besoins croissants des citoyens et à réduire les disparités territoriales. En attendant, le projet de loi de finances de 2018 prévoit quelques dispositions pour relever les défis qui se posent dans des secteurs prioritaires comme la santé, l'éducation et l'emploi. Saad Eddine El Othmani a annoncé que les postes budgétaires consacrés à la santé passeront, pour la première fois, de 1.500 à 4.000 emplois. Le chef du gouvernement veut se donner plus de temps pour préparer des mesures qui répondent aux revendications sociales. Il a déjà transmis son message aux centrales syndicales lors de leur rencontre qui s'est tenue lundi dernier. Autrement dit, les syndicalistes devront encore prendre leur mal en patience. El Othmani dit avoir tout son temps devant lui pour concrétiser ce qui reste de l'accord du 26 avril 2011. Car, dit-il, «le gouvernement ne peut pas tout régler en quelques mois». Mais c'est la décompensation du sucre et du gaz butane qui fera beaucoup de bruit dans les rangs des centrales syndicales. El Othmani n'a pas fixé de calendrier, indiquant toutefois que la libéralisation de ces produits se fera de manière progressive. «Nous avons cinq ans devant nous pour poursuivre la décompensation tout en garantissant la protection des couches sociales défavorisées», a-t-il déclaré. En dépit des critiques auxquelles il fait face, El Othmani s'est dit satisfait des six premiers mois de son gouvernement. «Les progrès sont déjà visibles», a-t-il affirmé. Par ailleurs, le chef du gouvernement s'est arrêté sur le problème de la pénurie d'eau dans le sud du pays, indiquant que la commission en charge de ce dossier tiendra sa première réunion aujourd'hui mercredi.