Le 7 Septembre dernier, les indépendantistes catalans, majoritaires au Parlement autonome de la Région, avaient approuvé une législation qui les autorise à organiser, le 1er Octobre prochain, un référendum d'autodétermination et à mettre en place les structures de la «future République indépendante de Catalogne». Voyant que les indépendantistes catalans affichent clairement leur détermination et que ceci constitue une «attaque à la démocratie», Madrid, soucieuse de faire éviter au pays une scission, a déposé une requête auprès du Tribunal Constitutionnel. Ce dernier ayant considéré cette consultation comme étant «illégale», le gouvernement de Mariano Rajoy s'est trouvé contraint de prendre, ce mercredi, des mesures radicales à l'encontre d'un gouvernement régional qui brandit le spectre du séparatisme. Ainsi, sans même attendre la date fatidique du 1er Octobre fixée par les indépendantistes catalans pour l'organisation de leur référendum et en s'appuyant sur la décision du Tribunal Constitutionnel, la justice fédérale espagnole a interpelé 13 dirigeants indépendantistes catalans tous membres de l'exécutif régional au terme d'une opération policière «sans précédent depuis le franquisme». L'assaut effectué ce mercredi par la Guardia Civil dans les locaux du gouvernement catalan a été vu par le président de la région, comme relevant d'un «état d'urgence» et émanant d'un gouvernement «totalitaire» ayant «franchi la ligne rouge» car en violant «les droits fondamentaux» de la région, il «suspend(rait) de facto l'autonomie de la Catalogne». Et si, en revanche, le Premier Ministre, le conservateur Mariano Rajoy, considère que ces interpellations sont justifiées dès lors qu'elles s'appuient sur une décision juridique prise par le Tribunal Constitutionnel à l'effet de sauvegarder la légalité, ce n'est point là l'avis de ces milliers de catalans qui, en refusant le «diktat du pouvoir central» sont descendus dans les rues de Barcelone en criant «Nous voterons pour obtenir la liberté», pour dénoncer ce coup de force qui vise à mettre l'économie régionale sous la tutelle de l'Etat et qui est intervenu après le refus du vice-président Oriol Junqueras d'envoyer à Madrid les justificatifs de ses dépenses en l'absence desquels les autorités de la capitale restent convaincues que les caisses catalanes servent bien à financer, ne serait-ce que partiellement, l'organisation du «référendum de la discorde». Ainsi, après les perquisitions policières effectuées sur l'ordre de Madrid, la Guardia Civil a pu mettre la main ce mercredi sur 1,5 millions de tracts et affiches électorales, «prendre le contrôle des fichiers informatiques liés à la consultation du 1er Octobre» avant de menacer de ne plus verser les salaires des fonctionnaires régionaux. Disons pour terminer que même si elle est soutenue par les centristes libéraux de Cuidadanos, la vague répressive exercée par Mariano Rajoy n'est approuvée que du bout des lèvres par le Parti Socialiste qui en appelle à une «révision constitutionnelle» alors que Pablo Iglesias, le leader de Podemos, la dénonce complètement en bousculant, au passage, un Premier Ministre issu «d'un parti politique corrompu (qui) parasite les institutions». «Ils ont commis une grande erreur ; nous voulions voter et ils ont déclaré la guerre» dira Jordi Sanchez, un indépendantiste de l'Assemblée Nationale Catalane. Alors, de quoi demain sera-t-il fait ? Attendons, pour voir...