Les années viennent et se ressemblent, depuis que la ville d'Al Inbiaât est passée à côté de sa réelle mue. L'année 2018, sera-t-elle celle du bon pied, avec l'avènement d'un nouveau style à la tête de la Wilaya de Souss-Massa? A mesure que la ville d'Agadir grandit en termes d'urbanisme, on a l'impression qu'on la cerne de toutes parts. Depuis des lustres, la capitale du Souss est devenue la destination des prédateurs fonciers qui prennent d'assaut tous les terrains, avec la bénédiction des protecteurs bien choyés. On balise, alors, le chemin de l'édification des unités d'habitation comme des champignons, souvent sans être localement autorisé à le faire et sans prévoir des équipements sociaux, notamment des écoles, des dispensaires, des espaces verts, des maisons de culture, des aires de sport... D'autres viennent s'accaparer des terrains le long du littoral qu'ils monopolisent sans avoir à passer par les procédures d'expropriation légitime. Devant ce monopole démesuré, les opérateurs économiques locaux se voient frustrés par cette inondation étrangère, fortement implantée dans plusieurs régions du royaume. Les portes de l'immobilier sont donc ouvertes à des promoteurs privés bien connus qui jouissent de tous les privilèges et, de ce fait, dont les terrains à des prix destinés à l'habitat économique, mais, en réalité, les réalisations qui s'effectuent au grand jour transgressent toutes les formalités initiales, voire les directives royales et les mesures gouvernementales à ce propos. Le cas du lotissement Hay Mohammadi dont des dizaines d'hectares ont été cédés, à des prix préférentiels à des promoteurs immobiliers «importés», est flagrant puisque son cours normal a été tout simplement dévié du fond en comble de son objectif, avec des agissements illicites et des rentes faramineuses. Maintenant, d'aucuns diraient, de vive voix, qui a vendu Agadir ou encore qui a acheté à Agadir, car, en fin de compte, ce sont les deux faces de la même pièce ! D'une part, les coins les plus prisés de la ville sont automatiquement légués aux influents qui débarquent sur les lieux et y montent leurs petites merveilles ou pondent à profusion des immeubles pour les revendre, avec des sous tables, pareil à des vaches laitières. D'autre part, la flambée des prix fait des ravages dans les opérations urbanistiques, partout dans la ville, sans tenir compte des pouvoirs d'achat des citoyens, puisque les spéculateurs sont là pour mettre de l'huile dans le feu et attiser les convoitises des mêmes acquéreurs. Le «petit» peuple, quant à lui, se débat dans les unités où la promiscuité et l'exclusion battent leur plein. Cette politique de bidonvilisation anarchique longtemps encouragée, notamment dans les piémonts et les quartiers surpeuplés en ville à des fins électoralistes et purement corruptives, en complicité avec les Autorités et les élus, a balisé le chemin et déblayé le terrain vers l'émergence des gros bonnets de l'immobilier. Voilà donc une situation déconcertante d'une ville où les ségrégations et les disparités sociales ne font que s'élargir, avec une poignée de lobbys de la haute sphère qui se l'accapare de bout en bout, et, en revanche, de larges franges populaires de la société sont reléguées à la cherté de la vie et à la flambée du logement. Sans verser dans le pessimisme béat, on espère bien entamer la présente année 2018 sous des cieux meilleurs, avec la nouvelle vision qui se pointe à l'horizon. «Le style est l'homme !», dirait-on. Wait and see!