Le Maroc est-il disposé à abandonner le «dirham» et adopter la future monnaie unique de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) dans la foulée de sa demande d'adhésion à cette communauté? La question reste surprenante et mérite toute l'analyse nécessaire. D'aucuns estiment, aujourd'hui qu'il s'agit d'une décision politique stratégique très importante. La question en soi représente une première dans les annales de l'histoire monétaire du pays. Le président de la commission de la CEDEAO, Marcel De Souza, a déclaré, lors de sa dernière visite au Maroc le 29 août dernier, que le Roi Mohamed VI a indiqué dans une lettre que «le Maroc s'engage à l'adhésion à une monnaie unique le jour où elle sera adoptée par la CEDEAO» et que la mise en place de cette monnaie unique devrait prendre une dizaine d'années. Certes c'est un projet d'envergure qui suppose d'abord l'unification de la monnaie de tous les pays de la CEDEAO et un remplacement du franc CFA (Franc de la communauté financière africaine). Il ne faut pas oublier que même au niveau de l'Europe, l'Euro suscite toujours des polémiques et des divergences de taille. Le cas du retrait du Royaume Uni de l'Union Européenne est patent. La crise économique et financière de la Grèce, celle de l'Espagne ou encore de l'Italie renseigne amplement sur les effets de l'adoption de la monnaie unique sur l'économie d'un pays. Il faut peut-être le rappeler :8 des 15 pays de la CEDEAO ne sont pas membres de la zone CFA. Il s'agit de la Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Nigeria, Sierra Leone et Cap-Vert.