Candidat sérieux mais infortuné à l'organisation des mondiaux de football de 1994, 1998, 2006 et 2010, le Maroc a officialisé vendredi sa candidature pour la Coupe du monde de 2026, une énième prétention au cours de laquelle il devra croiser le fer avec le trio nord-américain composé des Etats-Unis, du Mexique et du Canada, après que des difficultés économiques ont contraint la Colombie à se retirer de la course. Mais d'ici juin 2018, date de la désignation du pays hôte, la mission de convaincre les 209 électeurs ne sera pas de tout repos. La candidature commune des Etats-Unis (hôte en 1994), qui accueilleraient 60 des 80 matchs du mondial 2026, du Mexique (1970 et 1986) et du Canada, donnera du fil à retordre au dossier marocain, qui semble n'avoir rien à envier à la candidature nord-américaine. Aux yeux de la FIFA, qui prône la rotation continentale, l'organisation par les Etats-Unis du mondial 1994 serait plutôt un handicap. Après l'Afrique en 2010, l'Amérique en 2014, l'Europe en 2018 et l'Asie en 2022, l'alternance veut que l'édition 2026 se tienne en Océanie, seul continent à n'avoir jamais accueilli cet événement. Mais l'Australie, qui a brigué l'organisation du mondial 2022, n'a pas manifesté un intérêt sérieux à l'organisation de la 23ème édition, qui devra, ce faisant, aller à l'Afrique. Fort de son infrastructure sportive, hôtelière et touristique, de sa situation géographique favorable à l'affluence des supporters des cinq continents et de la commercialisation des droits de transmission télé, le Maroc, qui a accueilli plus de 10 millions de touristes en 2016, sera, selon toute vraisemblance, plus que jamais proche d'organiser la manifestation sportive la plus prisée au monde, d'autant plus que la FIFA a annoncé que ni la candidature de l'Europe, ni celle de l'Asie ne pourraient être considérées pour l'édition 2026. Pays à grande tradition footballistique, le Maroc, champion d'Afrique en 1976 et présent à quatre reprises au mondial, pourra compter notamment sur l'appui de la CAF et des fédérations africaines et arabes. La Fédération royale marocaine de football (FRMA) a en effet signé une quarantaine de conventions de partenariat portant sur le développement du football africain, tout en renforçant sa représentation dans la plus haute hiérarchie des structures de la CAF. Dans ce sillage, le président de la CAF, Ahmed Ahmed, n'a cessé d'assurer de son soutien absolu la candidature marocaine se disant « convaincu » de la capacité du Maroc à abriter dans les meilleures conditions cette messe footballistique planétaire. Et c'est la même conviction que l'on ressent chez le patron de la FIFA, Gianni Infantino, pour qui le Royaume est « en mesure d'accueillir la Coupe du monde de football eu égard à ses infrastructures et sa capacité organisationnelle ». Si le Maroc venait à se porter candidat, « ce n'est pas fortuit », avait-il déclaré récemment à Skhirate lors du Symposium international sur le football africain, qui a été une occasion d'engranger tout le soutien nécessaire à la candidature marocaine. En effet, l'Europe, le continent le plus représenté en coupe du monde, aura tout à gagner si l'organisation du premier mondial à 48 équipes est confiée à un de ses partenaires les plus crédibles. Outre sa stabilité politique et économique et la qualité de ses infrastructures de transport, le Maroc possède un atout majeur, celui du fuseau horaire, un casse-tête pour la FIFA qui s'est dit d'ailleurs se réserver le droit d'adapter le coup d'envoi des matchs à partir de la Coupe du monde 2026 en fonction du décalage horaire des pays concernés par les matches du mondial. L'organisation du mondial 2026 au Maroc sera ainsi une bonne nouvelle pour l'Asie, le nouveau méga marché du football qui jouit de tout l'intérêt de la FIFA, des opérateurs médiatiques et des différents acteurs du football mondial, mais dont le décalage horaire a toujours compliqué la commercialisation et la promotion des grandes manifestations sportives internationales. Au-delà de toutes ces considérations, la candidature du Maroc pour abriter la coupe du monde de football demeure une prétention légitime. Le Royaume, qui fut le premier à revendiquer le droit de l'Afrique à organiser le mondial sur ses terres, dans sa course de 1994 face aux Etats-Unis, jusqu'à ce qu'il soit privé de l'organisation de l'édition africaine de 2010, est en droit de s'estimer le mieux placé pour accueillir la 23è édition qu'il veut bénéfique à l'Afrique, toute l'Afrique.