Le Maroc ne parvient toujours pas à rejoindre le rang des pays qui répondent pleinement aux normes minimales requises pour combattre la traite des personnes. Le rapport annuel du département d'Etat américain sur le sujet le place encore dans la catégorie 2, laquelle regroupe les pays ne respectant pas pleinement ces standards mais qui fournissent des efforts pour y parvenir. Quoi qu'il en soit, Rabat fait mieux que certains voisins de la région, en l'occurrence l'Algérie qui a certes amélioré son classement en passant de la catégorie 3, la pire, à la catégorie 2 mais tout en restant placée sous observation. Le rapport salue notamment la promulgation, en septembre dernier, de la loi relative à la lutte contre la traite des êtres humains. Toutefois, la diplomatie américaine a, dans la foulée,mis en garde contre l'absence proactive permettant d'identifier les personnes vulnérables, particulièrement dans les rangs des migrants en situation irrégulière. «Les efforts restent limités en matière d'investigation», est-il indiqué. Or, le Maroc est un pays de transit et de destination, et par conséquent, un territoire propice à l'exploitation sexuelle et au travail forcé. Le rapport cite quelques cas à suivre de près, notamment des réseaux de traite camerounais forçant les camerounaises à se prostituer au Maroc.Le Maroc se voit également reproché de laisser sans suite certaines affaires incriminant des réseaux de traite. En 2016, trois enquêtes sont restées en suspens, tandis que deux autres ont été jugés non fondées.Parallèlement, la diplomatie américaine reproche aux autorités marocaines de ne pas assurer un accompagnement spécialisé des victimes de traite. D'où l'appel à impliquer davantage et à financer des ONG spécialisées dans la lutte contre la traite des personnes. Le rapport insiste surtout sur l'application de la loi anti-traite d'êtres humains. Les autorités sont de leur côté appelés à mener plus d'enquêtes pour identifier les réseaux de traite et à engager des poursuites judiciaires avec des sentences plus fermes. Sur ce point, rappelons que la loi sur la lutte contre la traite des êtres humains prévoit des peines d'emprisonnement pouvant atteindre jusqu'à 10 ans ou à perpétuité pour des crimes aggravés. Cependant, «la justice doit s'assurer que les victimes des réseaux de traite ne soient pas condamnées ». Encore faut-il que des mécanismes permettant d'identifier de manière proactive ces victimes soient mis en place, comme le recommande le département d'Etat américain.Au-delà du Maroc, l'édition 2017 de ce rapport représente surtout un véritable camouflet pour Chine, placée sur la liste noire du trafic d'êtres humains, au même rang que la Syrie et la Corée du Nord. Au point que la diplomatie marocaine met en garde contre la possibilité que les relations commerciales avec la Chine soient entachées par le travail forcé. La Russie demeure aussi sur cette liste noire pour la cinquième année de suite. En fait, les pays rétrogradés au niveau 3 – le pire possible – peuvent faire l'objet de sanctions par les Etats-Unis allant de restrictions dans l'assistance américaine à l'arrêt des échanges culturels ou éducatifs.