Ce vendredi, le président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila, a désigné Bruno Tshibala Nzenze, 62 ans, en tant que nouveau Premier Ministre. Cette nomination est intervenue dans un ultime recours – pour ne pas parler de tentative désespérée – afin de sortir le pays de la crise dans laquelle il se débat depuis que le 20 décembre dernier le chef de l'Etat a refusé de se déssaisir du pouvoir après la fin de son second mandat. Mais cette nomination qui devait voir le jour en Janvier dernier et qui découle de l'accord conclu sous l'égide de l'Episcopat à l'effet de permettre d'organiser, avant la fin de la présente année, les différentes consultations électorales, de veiller à l'amélioration des conditions socio-économiques des congolais et de lutter contre l'insécurité de plus en plus visible dans les provinces du Kasaï n'est pas du goût de tout le monde. Ainsi, si André-Alain Atundu Liongo, le porte-parole de la Majorité Présidentielle, considère que cette désignation "conforme à l'esprit de l'accord de la Saint-Sylvestre" permettra au chef de l'Etat de "normaliser le processus électoral (et de mener le pays ) vers l'alternance souhaitée par tous", Jean-Marc Kabund, le secrétaire général de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS – opposition ), considère, pour sa part, qu'en agissant ainsi, le chef de l'Etat " n'a résolu aucun problème" puisque cette nomination qui est un "non-évènement" ne reposerait sur aucun cadre juridique. Aussi, tout en appelant la population à rester calme, ce dernier annonce que son parti "va continuer à revendiquer la mise en oeuvre de l'accord politique du 31 décembre dernier visant l'organisation des élections présidentielles et législatives. De son coté, le président Martin Fayulu, le président de l'ECIDE, a appelé la population "à marcher pacifiquement" ce lundi 10 Avril pour dénoncer cette forfaiture car, pour lui, "la seule solution maintenant c'est le peuple". Jonas Tshiombela, le coordonateur de la Nouvelle Société du Congo qui prédit "un avenir difficile pour le pays" estime que, par cette nomination, ce sont les "aspirations du peuple qui sont déçues" alors que, de son côté, Jean-Claude Katende, le président de l'Association Africaine des Droits de l'Homme, voit dans cette nomination une violation à la fois la Constitution et de l'esprit des accords du 31 décembre 2016. Et celui-ci d'ajouter qu'en "nommant Tshibala à la Primature, Joseph Kabila a choisi la voie de la confrontation avec le peuple congolais". Aussi, n'est-il pas dit que cette nomination, intervenue envers et contre tous, permettra à la population congolaise de vivre sous de meilleurs auspices.