La province de Sidi Ifni est encore une fois sur un plat brûlant. Depuis un certain temps, les accrochages musclés entre les forces de l'ordre et les citoyens font rage. Le déclic de cette empoignade n'est autre que la détention d'un jeune activiste du 20 février dont la famille a observé un sit-in ouvert, appuyé, ipso facto, par des émeutiers dans toute la ville enflammée. Le renfort intensif des services de sécurité quadrillant l'ensemble des quartiers désamorçait ce bouillonnement, mais, pas pour longtemps, même si certains manifestants se sont éclipsés, alors que d'autre ont pris la fuite vers les montagnes avoisinantes. Il va sans dire, alors, que cette situation crispante risque de dégénérer, à tout moment. D'autant plus que les agents de police traquent toujours les fuyants. Vraisemblablement, les affrontements grondent à distance entre les forces de l'ordre qui sillonnent particulièrement les alentours du commissariat, alors que les insurgés s'agglomèrent fortement au versant du promontoire d'en face. Tout le monde est en état d'alerte, en attendant le verdict du jugement auquel est soumis l'activant en question. Ce bras de fer est passible à des déchainements imminents, si le procès s'avère attentatoire à la liberté du détenu. Les autorités semblent concilier le souci sécuritaire et l'application des dispositions qui s'imposent, sans pour autant, s'impliquer directement dans ces démêlés. Cependant, il faut bien dire que, hormis cette avenue jouxtant l'imposant entassement des services de l'ordre, la vie active mène son train-train quotidien dans une quasi-sérénité. Ceci dit, il va donc falloir chercher les véritables alibis d'une telle résurrection qui, certes, prend, à priori, une connotation solidaire à l'encontre du jeune séquestré, mais, aurait, sans nul doute, des enracinements encore plus implicites, inhérents à la situation générale peu satisfaisante en termes d'assouvissement des attentes des populations. On rappellera que la province de Sidi Ifni avait connu, il y a quelques années des dérapages déplorables, à cause, justement, de son statut de zone exclue et constamment marginalisée. Il est vrai que certaines revendications sont entachées de surenchères politiciennes extrémistes. Nonobstant, nombre de déficits au niveau des exigences de vie les plus élémentaires sont saillants, au point de provoquer des sentiments de frustration et de révolte chez les habitants en perpétuelle déconsidération. Raison pour laquelle, on s'est hâté d'ériger la localité en province afin de crever l'abcès. Après, un peu plus de deux ans, il parait bien que les améliorations attendues ne parviennent pas à colmater toutes les brèches velléitaires. Le taux de chômage très élevé excite les jeunes, d'autant plus que, excepté certaines modiques du port, les unités investissementales très limitées sont loin d'absorber l'effectif grandissant des chômeurs, surtout ceux en possession de diplômes. D'autre part, en dépit de certaines réalisations, les infrastructures de bases semblent trainer, à la grande déception des populations mises à mal par ces carences criardes. Devant ces insuffisances qui sont, en réalité, des cumuls de dizaines d'années d'exclusion totale, certains énergumènes inciviques poussent le clou au fond afin de créer des climats de tension et de malaise. Toutefois, il est plus loisible de regarder les réalités en face et y trouver les solutions idoines en vue de couper court à toute entreprise malintentionnée.