La fermeture des frontières entre le Maroc et l'Algérie nous coûte cher. 70% de l'économie de l'Oriental sont plombés par la contrebande. Il n'y a pas que cela, les conséquences humaines pèsent encore plus lourd ! A Oujda, vous aurez l'impression d'être emporté vers l'Algérie. Que ce soit ce dialecte très proche de celui d'Algérie, ou, exemple le plus frappant, des marchandises algériennes qui envahissent la ville. Hormis le carburant (de l'essence sans plomb au diesel) qui vous est proposé à travers des «stations- services» aussi mobiles qu'artisanales, toutes sortes de produits sont disponibles dans les différents souks, vous trouverez même du pain tout fait et bien chaud venant directement du pays voisin ! Au-delà de l'aspect purement économique et des chamailleries politiques entre frères ennemis, la fermeture des frontières cache un drame humain. A Oujda, des familles sont séparées, des frères se sont vus une ou deux fois depuis plus de 15 ans. Soyons logiques, que ce soit du côté algérien ou marocain, qui a les moyens de s'offrir un billet d'avion Casa-Alger à 5.000 dirhams pour le moins cher, si ce n'est qu'une minorité ? On ne comprend toujours pas cette aberration. La frontière aérienne est ouverte mais pas celle terrestre. De qui se moque-t-on ? Un petit retour dans l'Histoire nous fera réaliser que seuls les peuples souffrent des séparations programmées et non les décideurs politiques ! Le 09 novembre de chaque année, le monde entier célèbre le démantèlement du mur de Berlin. L'Allemagne a été punie pour avoir déclenché les deux guerres mondiales. En effet, les alliés l'ont divisée en deux entités ennemies. Mieux encore, les Berlinois se sont retrouvés appartenir à deux pays différents. Une même famille fut séparée par un mur pendant à peu près trente ans avec interdiction de se voir. Ceci n'est pas sans nous rappeler ce qui se passe actuellement entre l'Algérie et le Maroc. Des milliers de familles voisines des frontières terrestres sont séparées depuis leur fermeture en 1994. 16 ans de séparation, qui punit-t-on ? Et pour quel motif ? Les décideurs devraient se rendre à l'évidence que l'on ne peut indéfiniment et impunément bafouer les populations frontalières. Le démantèlement du mur de Berlin nous fait rêver au jour du démantèlement du mur entre l'Algérie et le Maroc ! Il est vrai que le mur qui sépare les deux populations est invisible contrairement à celui de Berlin mais ne dit-on pas que les frontières invisibles sont les pires ! Cependant, pour être réaliste et en attendant le jour béni, il est impératif d'alléger la souffrance de ces populations et le poids du mur invisible qui pèse sur elles grâce à des mesures humanitaires, dont l'instauration d'un laissez-passer leur permettant de se rendre visite. * Journaliste stagiaire de l'ISIC