Le programme cathodique de ce ramadan n'est pas sorti du lot comme espéré par les téléspectateurs; voire il se démarque par sa médiocrité. Animées par le souci de gonfler le panier ramadanesque, nos chaînes de télévision ont réussi comme d'habitude à faire avaler au public un chapelet de programmes sans leur laisser aucun répit ni le temps de réaliser ce qui leur arrive. La quantité a une nouvelle fois pris le dessus sur la qualité. A partir du f'tour, les Marocains sont envahis par des productions bas de gamme de tous genres à savoir des sitcoms, sketchs etc. L'humour justement, cet art noble qui, comme chez Coluche ou Bziz, sert les causes de la société en étant un moyen de cultiver et fertiliser l'imagination des citoyens, véhicule aujourd'hui la banalité et l'idiotie pure et simple. Le Cas de «Yak hna jirane», en dépit des efforts notables dans la réalisation et sur le plan technique, en est la parfaite illustration. «Taxi 36 » est encore loin d'être un moment de délectation. Cette émission est l'exemple de la séquestration des citoyens avec pour seul objectif de faire rire les jeûneurs. On aimerait bien découvrir les réactions des gens après qu'ils découvrent la farce, surtout celles qui n'ont pas été filmées. Est-ce que, au nom de l'humour, on a le droit de retenir les gens contre leur volonté ? Et si l'état de santé des personnes ne permet pas de supporter un tel choc ? Et si une femme est enceinte sans que son ventre n'apparaisse nécessairement ou une personne est cardiaque ou a la phobie des espaces fermés? Est-ce que ces questions n'ont pas frôlé l'esprit des initiateurs de ce concept ? Est-ce que cette émission ne va pas à l'encontre de ce que stipulent les principes universels des droits de l'Homme, de ne pas mettre la personne en situation de danger ? D'autant plus que le code pénal marocain sanctionne la séquestration sans faire exception des émissions télévisées ou autre ? L'article 436 du code pénal va jusqu' à une condamnation de 30 ans de détention en cas de séquestration sans « ordre des autorités constitués » et en dehors de ce que la loi indique. La Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) est aussi interpellée sur la question et est invitée à donner son avis. Néanmoins, qu'elle que soient les intentions, nos chaînes de télévision doivent à rompre avec la politique de replâtrage et de remplissage, comme moyen facile de meubler les espaces. Car trop, c'est trop.