Le souvenir des législatives de septembre 2007 est encore vivace dans les mémoires. La déconvenue matérialisée par un score anormalement bas de participation des citoyens à cette consultation constitue une alerte de poids dans l'histoire politique du Maroc. Le message a été très vite décrypté par l'ensemble des acteurs. Peu importe la qualification de cette réaction des électeurs : vote sanction, désaffection, perte de confiance et de crédibilité etc. Il s'agit pourtant d'un désaveu cinglant à ceux qui font la chose politique dans notre pays. L'approche de ce phénomène de masse ne pouvait se situer simplement dans la sphère technique et/ou politique. Ce manque d'enthousiasme et de mobilisation, pour un acte aussi crucial pour la bonne santé de la démocratie représentative, est à chercher dans l'histoire récente de la gestion par les acteurs de la vie politique marocaine accumulée depuis des décennies. La transition telle que vécue, durant les décennies 90 et 2000, jaugée à l'aune du changement, aura sans doute laissé des traces indélébiles dans la perception du citoyen moyen du fonctionnement de la chose politique au Maroc. Pour les partis politiques qui ont eu le courage de faire leur introspection et des fois sont allés jusqu'à l'autocritique, le diagnostic est sans appel : la désaffection à l'égard du jeu politique est la résultante d'une mauvaise gouvernance des structures des différentes formations politiques. Une mal gouvernance cristallisée par le vieillissement des directions des partis politiques, l'absence d'alternance sur les organes de gestion des partis, la quasi-absence de démocratie interne, la difficulté de régénération des élites, l'incapacité de moderniser les structures et le discours, le manque d'attractivité des partis en place ne disposant, souvent, que d'offres politiques en rupture avec les évolutions sociologiques et politiques de la société etc. A cela s'ajoute un manque d'imagination criant dans la communication avec la composante jeune de la population. Les jeunes et leurs aspirations n'apparaissent que comme des appendices, et de manière saisonnière, dans les programmes d'action des partis. Ce tableau synoptique du mal-être des partis résume une situation dans laquelle les relations entre les partis politiques et la société est plus que problématique. L'actuelle session de printemps du parlement aura à examiner un projet de texte sur les partis politiques de même que les textes encadrant les prochaines opérations électives à l'horizon 2012. Il s'agit là d'une véritable opportunité de faire en sorte que ce texte soit réellement avant-gardiste en préfigurant les mutations qui affectent la société marocaine toute entière. Le débat national sur les réformes de la Constitution, inauguré par le discours royal du 9 mars, et les consultations en cours sur la mise en œuvre du projet de régionalisation avancée, constituent un véritable rendez-vous avec l'histoire. A cela s'ajoute l'expression d'une forte demande sociale, portée par les différentes couches de la société dont les jeunes du 20 février. Autant de déterminants qui devront guider la réflexion et les débats sous la coupole. Le parlement n'aura pas à discuter d'un simple texte de gestion courante et de gouvernance des formations politiques. Pour les représentants de la nation, il est question de préparer un texte de loi qui soit capable d'ouvrir les horizons du changement et de la mutation profonde pour ces acteurs de premier ordre dans l'encadrement de la vie politique du pays. En somme, ce texte devra aller au-delà du simple agencement des procédures de création et de fonctionnement des partis politiques. Une mise à niveau salutaire est à portée de main pour ces structures appelées à jouer pleinement leur rôle d'animateur actif de la société à tous les niveaux dans le cadre du nouveau projet de société dont les contours se dessinent avec évidence sous l'effet des changements en cours.