Le discours royal à l'occasion de l'ouverture de la présente législature devant les représentants de la nation fera date pour au moins deux raisons. La première est que le souverain a choisi de donner une orientation forte à l'institution parlementaire, considérée comme un des piliers fondamentaux de l'édifice démocratique. Depuis un moment, la perception de l'action de cette institution a été grevée par un certain nombre de dysfonctionnements et de déficits d'image. Un débat de fond a été engagé sur les phénomènes de l'absentéisme, la transhumance des députés et la redondance des procédures au niveau des deux chambres, sensées être complémentaires et synergiques. Le discours royal est un appel direct au dépassement de ces handicaps. SM le Roi s'est interrogé « dans quelle mesure le parlement assume-t-il pleinement le rôle qui est le sien comme levier démocratique de notre modèle de développement? ». La question interpelle cette noble institution et l'exhorte à assumer son rôle plein et entier dans le grand chantier des réformes que le pays vit depuis plus d'une décennie. L'heure n'est plus aux tergiversations ni aux tractations stériles commandées par des intérêts et des calculs étriqués. La plus haute autorité du pays en appelle au sens de l'engagement des membres des deux chambres du Parlement afin qu'ils se hissent au niveau de la «dynamique réformatrice» engagée dans des pans entiers de la société et de l'économie marocaines. Les défis à relever pour les parlementaires se situent franchement au niveau de l'efficience et de l'efficacité de la fonction de contrôle sur l'action gouvernementale, mais également en tant que force de proposition accompagnant la dynamique de changement que vit le Maroc. La deuxième raison concerne le nouveau concept de la justice décliné sous le mot d'ordre «la justice au service du citoyen». La logique de ce nouveau chantier, comme le rappelle le souverain, est forgée dans le substrat qui a servi au lancement du nouveau concept d'autorité. Un concept au rythme duquel se sont déployées toute une série de réformes instaurant les bases de la bonne gouvernance. Une dynamique qui a ouvert au Maroc du 21ème siècle de grandes perspectives de positionnement dans le concert des nations démocratiques et modernes. Le nouveau concept de la justice inaugure donc cette dynamique réformatrice à propos d'un attribut fort de l'Etat de droit qui donnera crédibilité et cohérence à l'ensemble de l'édifice démocratique. Ce sont là les deux chantiers auxquels devra s'atteler l'institution parlementaire et avec elle toute la classe politique durant cette législature avec tout que cela suppose comme engagement et sens du devoir.