Une date qui restera marquée de coin du sérieux, de la sérénité pour certains et, pour d'autres, c'est l'amorce d'une phase de sinistrose. C'est le cas, bien entendu, de ceux qui ont du mal à assimiler tous les changements induits par l'entrée en vigueur du nouveau code de la route. Les nouveautés en termes de régulation de la circulation et de l'usage de la route ont le mérite de donner un cadre de cohérence global à l'ensemble du dispositif. Il est évident que la partie coercitive de ces nouvelles modalités du code est la plus décriée. Les expériences similaires de par le monde nous enseignent que c'est, en fait, un mal nécessaire. L'attitude franchement hostile de certains professionnels du transport routier, habitués à une nonchalance coupable dans l'application des textes réglementant la circulation sur les routes, n'arrive pas à se faire une raison et se plier aux nouvelles règles en vigueur. Ces professionnels sont désormais mis devant le fait accompli d'un code qui a fait couler beaucoup d'encre et qui a coûté à la communauté en tergiversations stériles. Des voix se sont élevées pour qualifier l'entrée en vigueur du nouveau code de victoire pour le ministre Ghallab. Dans une affaire comme celle-ci, il ne peut y avoir ni gagnant ni perdant. Il s'agit d'un élan de mobilisation qui concerne tous les citoyens afin d'opérer une mutation dans les us et coutumes dans un espace de vie qu'est la route. A en juger par le constat direct, depuis vendredi dernier, sur la circulation de tous les jours, les mauvaises habitudes persistent. Les grosses cylindrées dévalent les autoroutes à des vitesses hallucinantes et avec beaucoup d'arrogance. Les camions de transport de marchandises continuent d'arborer des chargements indécents dépassant largement leur capacité théorique et mettant en danger la vie des autres usagers. Le stationnement en double position devant les écoles privées dans des cités comme Casablanca, Tanger et Rabat perturbent fortement la circulation au mépris de la réglementation. Autre acteur dangereux de la route, les bus de transport collectif, qui continuent de pratiquer une conduite qui n'a de respect ni pour le code ni pour la vie des citoyens. Aujourd'hui, le code est là et sa mise en œuvre donnera l'occasion à l'autorité de tutelle la possibilité d'assurer les ajustements nécessaires au niveau de tout le dispositif d'accompagnement. En haut des priorités de ces chantiers, figure la situation sociale de ces hommes et femmes dont la subsistance au quotidien dépend de ce métier. Il est certain que la mise en œuvre progressive du code montrera les lacunes qui n'ont pas été prises en charge lors de la conception du texte. Il faudra aussi attendre que toutes les mesures d'accompagnement soient effectives avant de jauger la pertinence de telle ou telle mesure.