Des techniques nouvelles permettent d'éviter la chirurgie. «Les fibromes utérins sont des tumeurs bénignes fréquentes: ils sont présents chez 40% des femmes de plus de 40 ans , souligne le Pr Philippe Descamps, coordonnateur du pôle gynécologie et obstétrique du CHU d'Angers. Dans la très grande majorité des cas, les fibromes ne provoquent aucun symptôme et ne nécessitent aucun traitement ni surveillance particuliers.» Dans moins d'un tiers des cas, les symptômes qui apparaissent nécessitent une prise en charge par le système de santé, le plus souvent par le biais d'une intervention chirurgicale. Si l'hystérectomie reste le seul traitement sans risque de récidive, d'autres approches peuvent être proposées, notamment lorsque les femmes expriment un désir de grossesse. Les fibromes se forment à partir d'une cellule unique qui se met à proliférer de manière non contrôlée dans le muscle utérin. Des facteurs génétiques et environnementaux semblent jouer un rôle sur leur développement: les femmes d'origine africaine, celles dont la mère en était elle-même atteinte et les femmes en surpoids sont plus souvent touchées. Les fibromes sont hormonodépendants, ils n'apparaissent qu'après la puberté et régressent après la ménopause. Dans 70% des cas, ils croissent au sein de la couche musculaire: ce sont les fibromes intramuraux. D'autres, les fibromes sous-séreux, se forment vers l'extérieur de l'utérus. Plus rares, les fibromes sous-muqueux évoluent vers l'intérieur de la cavité utérine. Les principaux symptômes sont des douleurs et des saignements dans environ 60% des cas, l'un ou l'autre dans 15% des cas. Les règles sont plus longues, plus abondantes. Les femmes peuvent, dans 10% des cas, ressentir une sensation de pesanteur, en particulier lorsque les fibromes sont nombreux ou volumineux. Les fibromes peuvent ainsi appuyer sur la vessie, provoquant fréquemment des symptômes urinaires, ou sur l'intestin, conduisant à la constipation. Des douleurs peuvent également apparaître pendant les rapports sexuels. La myomectomie pour conserver son utérus Le choix du traitement dépend de plusieurs facteurs, notamment le type de fibromes, leur taille, leur nombre, l'âge de la patiente et son désir de grossesse. «Les fibromes sous-muqueux ne répondent pas aux traitements médicamenteux et peuvent être retirés d'emblée par voie hystéroscopique, précise le Pr Descamps. L'intervention est très simple, elle est pratiquée en ambulatoire et la patiente peut rentrer chez elle le jour même.» Pour les autres types de fibromes, aucun traitement médicamenteux ne permet de les faire disparaître. Des travaux sont en cours pour évaluer l'intérêt des modulateurs du récepteur de la progestérone mais, à l'heure actuelle, les traitements prescrits visent principalement à réduire les saignements ou à ralentir la progression des fibromes mais ils ne permettent pas d'éliminer la cause des symptômes. Les progestatifs, en particulier, sont de moins en moins utilisés parce qu'ils sont mal tolérés à long terme et parce qu'ils pourraient jouer un rôle sur le risque de cancer du sein. Des analogues de la LH-RH, une hormone impliquée dans le cycle menstruel, peuvent être prescrits afin de diminuer le volume des fibromes avant une intervention chirurgicale. L'hystérectomie est le seul traitement définitif des fibromes et reste le traitement de choix lorsque les femmes n'expriment pas de désir de grossesse. Lorsque les femmes veulent conserver leur utérus, il est possible de pratiquer une myomectomie, pour n'enlever que les fibromes. «Dans ce cas, il faut rapidement engager la grossesse car le fibrome réapparaîtra forcément», indique le Pr Descamps. Diverses approches ont été développées pour provoquer la nécrose des fibromes en les privant de leur apport sanguin. Il est ainsi possible de ligaturer, par voie chirurgicale, les vaisseaux qui alimentent le fibrome. Depuis quinze ans, de nombreuses femmes ont ainsi été traitées par embolisation, une technique similaire mise au point en France, qui ne nécessite pas d'intervention chirurgicale. Des petites billes sont injectées dans les vaisseaux entourant le fibrome par le biais d'un cathéter inséré dans une artère au niveau de l'aine. Plus récemment, plusieurs hôpitaux se sont équipés d'un appareil de traitement par ultrasons qui élimine toute incision. «On a fait le tour des solutions chirurgicales, qui sont désormais bien au point. L'avenir, pour le traitement des fibromes, passera par des médicaments ou des techniques non invasives», résume le Dr Mathieu Mezzadri, chef de clinique du service gynécologie et obstétrique au CHU d'Angers.