Une année paradoxale! C'est l'expression utilisée par Nabil Ziatt, Président directeur général de Stroc Industrie, pour qualifier l'exercice 2015 en marge de la conférence de présentation des résultats annuels tenue le 8 avril dernier à la bourse de Casablanca. Malgré un carnet de commandes solide, Stroc Industrie a vu son chiffre d'affaires baissé de 43% par rapport à l'année 2014 pour s'établir à 374 millions de DHdu fait de tensions fortes de trésorerie. Cette contreperformance découle de plusieurs causes. D'un côté, le management de l'entreprise avance les modalités de paiement, qui prévoient des retenues de garantie de montants importants sans possibilité de cautionnement durant le projet. Plus les projets avancent, plus le montant des retenues augmente. Le montant des retenues de garanties représente environ 30% du chiffre d'affaires. Aussi, le management précise que des travaux supplémentaires réalisés sur plusieurs chantiers, dont les charges ont été engagées, mais qui n'ont pu être encore facturés et encaissés du fait de négociations en cours. Ces chantiers représentent environ 20% du chiffre d'affaires. De plus, l'entreprise déclare qu'elle a réalisé des travaux non facturés pendant la majeure partie de l'année, du fait de changement des modalités de paiement sur des projets importants et qui s'élevaient à environ 10% du chiffre d'affaires. Cette baisse des revenus s'est notamment traduite par une perte opérationnelle de 51,2 millions de DH contre un résultat positif de 42,5 millions de DH en 2014. In fine, le résultat net de Stroc a enregistré une perte de 87 millions de DH impacté par un résultat financier important de -24 millions de DH, composé de dotations financières à hauteur de 8 millions de DH. Le résultat net est également impacté par un résultat non courant de -9,4 millions de DH. «Nous sommes en train d'adopter des mesures stratégiques et opérationnelles pour inverser la tendance » rassure N. Ziatt. D'ailleurs, en mars 2016, Stroc industries a mis en place un plan de restructuration qui vise à renforcer le dispositif de recherche de partenaires, obtenir la libération des retenues de garantie contre cautions et finaliser la contractualisation des avenants relatifs aux travaux supplémentaires dans les meilleurs délais. De même, ce plan repose sur la continuation de l'effort de réduction de la masse salariale, la rationalisation des charges fixes via les synergies Groupe et l'optimisation de la gestion du parc matériel Stroc suite au renouvellement de la direction logistique et en réduisant les charges locatives. Par ailleurs, Stroc a annoncé avoir mandaté des experts pour rechercher des investisseurs nationaux et internationaux avec un objectif de lever des fonds avant la fin d'année. Enfin, la société ambitionne d'acquérir de nouvelles affaires. «Nous tablons sur un objectif de 800 millions de DH de carnet de commandes» précise le PDG. Notons que Stroc développe de nombreux projets au niveau local notamment un chantier industriel de l'OCP de 118 milliards de DH à l'horizon 2025. Aussi, Stroc détient des projets de développement énergétique à savoir des centrales électriques à Jerrada de 12 milliards de DH, la plateforme portuaire de Mohammedia pour 2 milliards de DH et le Terminal Nador West Med de 1,5 milliards de DH. De même, l'entreprise compte à son carnet de commandes la tour CFC de 10 milliards de DH et Tanger Automotive City pour 5 milliards de DH. En Afrique, la société dispose d'un carnet de commandes dépassant les 60 millions de DH. La société s'intéresse, en perspectives, à des marchés présentant un potentiel de croissance intéressant notamment les mines au Congo, la Chimie en Tunisie, Algérie, Niger et Gabon ainsi que l'énergie en Afrique subsaharienne et Afrique du Nord.