Performances du secteur bancaire 2015 a été une année mitigée pour le secteur bancaire marocain. En effet, il a connu d'une part, une nouvelle décélération de la croissance des crédits, et d'autre part, une poursuite de la hausse des dépôts. Dans ce contexte sectoriel, les banques cotées ont pu, globalement, consolider leurs niveaux de rentabilité. Le marché reste dominé par le trio marocain Attijariwafa Bank, BCP et BMCE Bank of Africa qui représente presque 90% des bénéfices. Le groupe Attijariwafa Bank accapare, à lui seul, 45% du RNPG cumulé. Voici les performances 2015 des banques cotées à la bourse de Casablanca. Attijariwafa Bank : une approche «anticipative» des risques Attijariwafa bank demeure le groupe bancaire marocain le plus rentable en 2015. Pour un produit net bancaire (PNB) de près de 19 milliards de DH, il a réalisé un résultat net part du groupe (RNPG) de 4,5 milliards de DH, soit près de 45% du RNPG cumulé des banques cotées. Toutefois, il est à signaler que les revenus de la première banque au Maroc se sont dépréciés de 2,3% par rapport à l'année dernière, en raison de la baisse de 0,8% des crédits distribués à la clientèle, soit 252,9 millions de DH, selon le top management. Néanmoins, les bénéfices consolidés se sont améliorés de 3,4% suite à la baisse du coût du risque qui s'établit à 2,2 milliards de DH à fin 2015 contre 3 milliards de DH un an auparavant. Cette baisse du coût du risque traduit les efforts du groupe en matière de maîtrise du risque. «Grâce à une stratégie de diversification des métiers et des géographies et d'une politique anticipative en matière de gestion des risques, Attijariwafa bank affiche en 2015 une rentabilité en croissance, dans un environnement toujours marqué par une faible demande de crédits au Maroc», a souligné Mohamed El Kettani, PDG du groupe, lors de la conférence de présentation des résultats annuels du groupe bancaire. Au vu de ces résultats, le Conseil d'administration du groupe bancaire devrait proposer à l'Assemblée générale ordinaire la distribution d'un dividende de 11 DH par action au titre de l'année 2015 contre 10 DH en 2014. BCP surmonte le risque par le périmètre Les performances 2015 du groupe Banque centrale populaire ont été jugées exceptionnelles par son top management. En effet, le produit net bancaire (PNB) a progressé 4% pour atteindre 15,3 milliards de DH alors que le résultat net part du groupe (RNPG) a enregistré une progression de 14,4% pour s'établir à 2,5 milliards de DH. «Cette performance est d'autant plus exceptionnelle qu'elle a été réalisée dans un contexte conjoncturel peu favorable, marqué par une nette décélération des crédits sur le marché national et une croissance au ralenti en Afrique, soit la moins élevée des six dernières années», a déclaré le PDG de la Banque centrale populaire, Mohamed Benchaâboun lors de l'habituelle conférence de présentation des résultats annuels. De plus, en dépit de la hausse de son coût du risque de 7,5% à 3 milliards de DH, la BCP a pu améliorer son niveau de rentabilité. Cette dernière a, en effet, bénéficié de l'effet périmètre avec l'acquisition de la majorité du capital des Banques populaires régionales (BPR). Au vu de ses résultats, le Conseil d'administration du groupe propose à l'Assemblée générale ordinaire la distribution d'un dividende de 5,75 DH par action au titre de l'année 2015 contre 5,25 DH en 2014. BMCE Bank Of Africa : l'Afrique en force L'année 2015 a été marquée pour BMCE Bank of Africa par une baisse du coût du risque de 19% par rapport à l'année 2014 qui s'est affiché à un niveau de 1,4 milliards de DH. «Nous avons une politique de recouvrement très agressive», souligne Driss Benjelloun, directeur général en charge du pôle Finances lors de la conférence de présentation des résultats annuels. Toutefois, malgré la baisse du coût du risque, le résultat net part du groupe (RNPG) n'a progressé, en 2015, que de 0,6% en comparaison à l'année dernière où il se situait à 1,95 milliards de DH. Le top management explique cette panne de croissance par la non récurrence de certains résultats de l'activité des marchés dont le résultat a chuté de 45,3%. Notons que, sur ce résultat, le poids de l'international se hisse à 40% à fin 2015 contre 33% en 2014, avec une contribution de 31% en Afrique, 9% en Europe. Pour sa part, le produit net bancaire (PNB) a cru de 2,8% à 11,8 milliards de DH. Cette hausse est essentiellement portée par l'amélioration de la qualité des revenus du groupe avec le Core Business qui représente 90% du PNB consolidé, la hausse de 10,3% à 8,5 milliards de DH des marges d'intérêts et la progression de 1,9% à 2 milliards de DH des marges sur commissions. Le groupe bancaire proposera à l'Assemblée générale ordinaire la distribution d'un dividende de 5 DH par action au titre de l'année 2015. CIH : retour du risque à son niveau normatif Au terme de l'année 2015, le groupe CIH Bank a réalisé de bonnes performances sur le plan commercial, notamment grâce à l'accroissement des ressources clientèles de 14,2% à 23,3 milliards de DH, avec une collecte nette de 2,9 milliards de DH. Cette amélioration est redevable à la hausse de 11,5% à 18,1 milliards de DH des dépôts à vue et la bonification de 24,7% à 5,2 milliards de DH des dépôts à terme, réalisée essentiellement sur le marché des particuliers. Ainsi, le produit net bancaire (PNB) consolidé s'établit à 1,79 milliards de DH en 2015, marquant ainsi une progression de 5,3% sur une année glissante. Contrairement à l'exercice passé, marqué par un coût du risque négatif suite à des reprises sur provisions importantes sur des dossiers historiques, CIH Bank a enregistré en 2015 un coût du risque de 39 millions de DH, soit un taux du coût du risque de 0,11%, reflétant une bonne maîtrise des risques. Par conséquent, le RNPG a augmenté de 7,7% et se situe à 520 millions de DH à fin 2015. Le Conseil d'administration du groupe bancaire proposera à l'Assemblée générale ordinaire la distribution d'un dividende de 14 DH par action au titre de l'année 2015, contre un dividende ordinaire de 14 DH et 2 DH d'exceptionnel en 2014. CDM plombé par le risque et le contrôle fiscal En termes de revenus, le produit net bancaire (PNB) du Crédit du Maroc (CDM) a progressé timidement de 0,3% par rapport à l'exercice précédent pour se situer à 2,09 milliards de DH. Cette quasi-stabilité s'explique par le maintien d'un niveau d'évolution soutenu de la marge d'intérêts (+3%), en lien avec la consolidation des marges de crédits et l'optimisation du coût des ressources ainsi qu'à la progression de la marge sur commissions de 1,1%. «La hausse de la marge sur commissions n'est pas liée à une hausse des prix ! Nous n'avons pas procédé à une nouvelle tarification en 2015. Elle est liée surtout à l'amélioration de nos services grâce à l'innovation», précise le Top management. En revanche, la hausse du PNB a été freinée par la hausse des charges d'exploitation de +1,1% hors effet exceptionnel du redressement fiscal. Ce dernier facteur a impacté les charges pour 79 millions de DH. Par ailleurs, l'activité du CDM a été plombée par la montée du risque. En effet, le coût du risque a augmenté de près de 21% à 730 millions de DH. «Nous avons subi le défaut de paiement de certains clients Corporate», explique la banque. Bien évidemment, la banque fait allusion au problème de la raffinerie nationale Samir. Impactés par le niveau de provisionnement important en 2015 et le contrôle fiscal, les bénéfices consolidés ont affiché une baisse vertigineuse de 65,6% par rapport à l'année 2014 et sont fixés à 82 millions de DH. «Hors le redressement fiscal, la baisse de notre résultat net part du groupe est de 40% et ressort à 137 millions de DH », commente le top management. Au vu de ses résultats, le Conseil d'administration de la banque devrait proposer à l'Assemblée générale ordinaire la distribution d'un dividende de 8 DH par action au titre de l'année 2015 contre 22 DH en 2014. BMCI arrive à sortir son épingle du jeu La Banque Marocaine pour le Commerce et l'Industrie (BMCI) affiche un Produit Net Bancaire consolidé (PNB) de 3,2 milliards de DH à fin 2015, en baisse de 2,3% par rapport à une année plus tôt. Ce résultat s'explique principalement par la baisse des activités de marché de -27,8%. En revanche, la marge sur commissions a affiché une hausse de 5,8% en 2015, alors que la marge d'intérêt ressort en baisse de -0,3% à 2,6 milliards de DH. Par ailleurs, grâce à sa bonne maitrise de la gestion et LA couverture des risques, la BMCI a vu son coût du risque consolidé baisser de -14,4%, passant à 841 millions DH contre 982 millions de DH en 2014. Dans ces conditions, le Résultat Net consolidé Part du Groupe (RNPG) s'établit à 501 millions de DH en 2015, en augmentation de 37,4% par rapport à l'année précédente. Une performance qui traduit la solidité financière de l'établissement. «Nous disposons d'un bilan solide avec un ratio de solvabilité de 15,6% et un ratio de liquidité de près de 147%», souligne dans ce sens Laurent Dupuch, président du directoire de la BMCI. Au vu de ses résultats, la banque proposera un dividende de 30 DH par action, identique aux trois exercices précédents.