Les promoteurs immobiliers, qui disaient manquer de visibilité sur la demande en logements, disposent désormais de plus d'informations leur permettant de caler leurs offres sur une radioscopie réelle de la demande. Cela, grâce aux résultats d'une enquête réalisée par un cabinet d'études et commanditée par le ministère de l'Habitat pour identifier la demande des ménages urbains et ruraux. L'étude, qui a été présentée hier à Rabat, territorialise cette demande et précise sa typologie, ce qui permettra aux professionnels du secteur d'adapter l'offre à la demande selon les diversités et les spécificités régionales. «Surtout qu'elle identifie la demande réelle des ménages et non pas leurs besoins», a précisé le ministre de tutelle, Nabil Benabdellah. Autrement dit, les ménages sondés ont exprimé leur disposition à accéder à un nouveau logement immédiatement ou dans un futur proche. «Ce qui ne signifie pas pour autant que ces ménages ne disposent pas actuellement d'un logement. Il s'agit de familles qui veulent déménager pour accéder à un logement meilleur ou passer du statut de locataire à celui de propriétaire», tient à préciser Nabil Benabedellah. Au-delà des promoteurs immobiliers, l'enquête servira également de feuille de route pour l'élaboration des politiques publiques, comme l'a souligné le ministre. Dans le détail, cette étude a été réalisée auprès de 55.460 ménages dont 42.260 résident en milieu urbain et 13.200 dans le monde rural. Elle fixe la demande globale en habitat à 1,57 million unités. Sans grande surprise, le plus gros de ce volume concerne le milieu urbain à hauteur de 87% alors que la demande en logements en milieu rural n'absorbe que 13% du total. La répartition régionale de la demande confirme l'engouement pour les grandes villes. La région de Casablanca-Settat arrive en tête du podium, brassant plus de 30% de la demande globale. Elle est suivie des la région Marrakech-Safi avec 16% du total, de Rabat-Salé-Kénitra (11%) et de TangerTétouan-Al Hoceima (10%). Le reste est réparti entre l'Oriental, Souss-Massa, Beni Mellal-Khénifra, Draâ-Tafilalet et des provinces du Sud. L'indicateur qui ne manquera pas de donner un coup de punch aux promoteurs immobiliers concerne la déclinaison de la demande. En effet, la demande immédiate, qui concerne les ménages ayant déjà entamé le processus de recherche d'un bien immobilier ou qui comptent s'y mettre dans un horizon ne dépassant pas un an, totalise 1,2 million d'unités, soit 78% du total. Quant à la demande future, qui concerne les ménages qui envisagent d'acquérir un logement dans les cinq prochaines années, est fixée à 342.087 unités. S'agissant de la typologie de la demande, l'enquête révèle que 1,3 million des ménages optent pour des logements, soit 83% de la demande globale. Il s'agit d'appartements qui absorbent 54,3% des demandes ou des maisons marocaines modernes (41%). Pour les autres ménages dont le nombre s'élève à 0,3 million, ils préfèrent plutôt acquérir des lots pour construire notamment une maison marocaine moderne (MMM). Le ministre explique ce recul des MMM par les difficultés à trouver un lot de terrain en ville. «Ce qui va profiter aux logements collectifs», a-t-il affirmé. En plus de quantifier les aspirations en matière d'habitat et de localiser les pôles d'attraction, l'étude fourni également des informations sur la valeur du bien désiré. Le document montre que 41% des ménages souhaitent acquérir un logement dont le prix oscille entre 140.000 et 250.000 DH. C'est dire l'attractivité pour le logement social. De même, 23% des demandeurs souhaitent se procurer un bien coûtant entre 260.000 à 400.000 DH.Ceux qui envisagent d'acquérir un logement dont la valeur varie entre 410.000 et 950.000 DH ne dépassent pas 17% de l'ensemble des ménages. Parallèlement, les ménages qui souhaitent acquérir un bien de valeur inférieur à 140.000 DH représentent 15%. De leur côté, les biens dont le prix dépasse 1 million de DH n'attirent que 4% des ménages sondés. Pour régler la facture, 74,3% des demandeurs comptent recourir au financement différé, combiné avec l'apport d'une avance. Dans ce schéma, la part médiane de l'avance est estimée à 22% du montant global du logement et la moyenne de la mensualité du crédit souhaitée est de 1500 DH. Parallèlement, 20,6% des ménages préfèrent payer la totalité du bien et 5,1% optent pour un financement différé sans apport d'une avance.