Au sein de la nouvelle génération des stars de la chanson marocaine, Saida Fikri , tient incontestablement une place toute particulière. Ses œuvres dénotent toute à la fois d'un esprit d'innovation doublé d'une grande sincérité. Voici ce qui la distingue et fait sa force, comme nous l'avons constaté à l'occasion de la 4éme édition du festival féminin «Bouya» organisé dans la ville d'Al-Hoceima dans la région du Rif. Sur cette manifestation artistique et culturelle, Saida Fikri retient d'abord le fait que l'hommage qui lui a été rendu : «est l'œuvre des composantes de la société civile, du mouvement culturel, social et des défenseurs de la cause féminine dans la ville d'Hoceima et sa région. Un festival bien organisé avec le concours agissant de toutes les potentialités culturelles rifaines, et qui m'a rappelé les succès enregistrés lors de mon dernier spectacle dans cette cité en 2008. A cette époque, j'étais peu connue au Maroc et je pensais que personne ne se déplacerait pour voire mon spectacle. Or, c'est le contraire qui s'est passé puisque j'étais suivie par des milliers de fans venus voire et entendre Saida Fikri». Pour revenir à son enfance, Saida Fikri n'oublie jamais la ville de Casablanca où elle est née, son quartier de Hay Hassani, son école primaire dans un établissement public comme toutes les « filles du peuple» et surtout sa première chanson «Fi Kalbi Jerh Kdim», une reprise du grand pionnier de la chanson marocaine moderne Abdelhadi Belkhayat . Elle n'avait alors que huit ans et pourtant, elle présentera sa toute première chanson personnelle à l'âge de 12 ans. C'est dire que dès l'enfance, son avenir artistique avait été scellé. C'est ce qui fait que Saida Fikri a aujourd'hui son style propre, sa touche personnelle avec des œuvres sous forme de messages pleins de leçons et d'enseignements. Ce qu'elle confirme entièrement lorsqu'elle souligne que « plusieurs courants de la chanson marocaine et mondiale ont influencé mon parcours., De Marcel Khalifa à Feyrouz , de Feu Mohamed El Hayani à Abdelhadi Belkhayat et Abdelwahab Doukkali ,en passant par Nass El Ghiwane et Jil Jilala , sans oublier l'immortel Bob Dylan». Mais, Saida Fikri ne se contente pas de chanter . L'un de ses points forts et qu'elle est aussi instrumentaliste et une guitariste virtuose. Sur sa guitare elle n'hésite pas de dire que « ma guitare, c'est ma sœur, ma campagne, ma confidente qui me comprend et communique avec moi sans contrepartie. Car la musique est pour moi une thérapie. Lorsque je chante, enchaîne-t-elle ,j'ai un sentiment de bonheur, une grande satisfaction interne . Au fait, c'est ce parcours de la chanson qui m'a protégé, c'est grâce à lui que j'ai pu éviter de commettre des erreurs dans la vie, malgré toutes les difficultés que j'ai affronté dans mon enfance et mon adolescence». Pour revenir encore une fois à la chanson, Saida Fikri continue de croire qu'elle est d'abord une chanteuse et musicienne et non une poétesse où parolière, même si la parole a toujours eu un poids considérable dans ses œuvres. Par exemple, l'une de ses chanson « Chaddi H'zamek Ya Oumma' , (serre ta ceinture Ô Nation !) Qui dénonce les violences, les guerres et les destructions. En guise de commentaire sur cette chanson Saida Fikri tient d'abord à faire remarquer que «les violences et les destructions existent dans le monde depuis la nuit des temps, mais chacun d'entre nous se doit de contribuer à la paix, à la coexistence pacifique et à la justice à travers notre planète. Donc, moi je milite pour le bien être de l'humanité et des gens, là où ils se trouvent sur notre planète». Dans la foulée, Saida Fikri évoque la chanson marocaine pour constater que» la jeunesse marocaine ne s'est pas encore réconciliée avec elle-même, avec sa vocation et son identité culturelle authentique. Cela étant, nous devons toujours laisser les jeunes s'exprimer comme ils veulent, car notre Maroc est riche et fort par la diversité de ses rythmes et mélodies, par son multipartisme politique et culturel». Lorsque nous cherchons à connaitre ses musiciens où ses musiques préférées, Saida Fikri préfère dire «j'écoute tous les genres musicaux et tout m'emballe en fait : Naima Samih, Nass El Ghiwane, la chanson amazighe, tout, pratiquement tout me sensibilise . Aujourd'hui, mon rêve est de produire un jour une symphonie amazighe, car l'amazighité n'a pas encore eu, hélas, la place qu'elle mérite dans notre univers artistique». En attendant, Saida Fikri se focalise sur son dernier album : «Adounia Fi L'mizane». C'est un album qui m'a demandé un effort considérable de plus de trois années, et dans lequel j'ai travaillé avec plusieurs musiciens marocains, français originaires d'Algérie, en plus d'un distributeur américain, c'est un album qui parle du monde d'aujourd'hui, au Maroc et à travers le monde. Sur son dernier album qui vient de paraitre, marqué par le cachet de plusieurs musiciens de notoriété internationale, Saida Fikri avoue qu'elle s'est toujours efforcée de donner à ses chansons une dimension internationale,» car, dit-elle, je suis une marocaine qui a toujours été fière de mon pays et de mon identité culturelle. Lorsque je participe à des manifestations à l'étranger, je constate que les gens suivent très souvent mes chansons, même s'ils n'arrivent pas à comprendre ce que je dis. Voilà une autre preuve qui atteste que la musique marocaine, bien conçue, peut sensibiliser les gens, là où ils se trouvent». Et pour tout résumer, nous lui avons posé une question centrale : Qu'attelle vraiment gagné de son long séjour aux Etats- Unis? Voici sa réponse en guise de conclusion : «Les Etats-Unis m'ont tout donné. La réconciliation avec moi-même et avec mon pays. Car la vie en situation d'immigrée renforce chaque jour davantage le lien avec le pays d'origine. L'Amérique m' a aussi permis de bien éduquer et former mes filles pour obtenir des diplômes supérieurs enfin , elle m'a permis personnellement de poursuivre mes études et de pratiquer certaines disciplines sportives. Bref, j'ai trouvé au pays de l'oncle Sam, tout ce dont j'ai rêvée dans la vie».