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Aïssa Ikken, le ciseleur
Publié dans Albayane le 10 - 03 - 2016

Né en 1937, Aïssa Ikken est décédé à Rabat, le jeudi 18 février 2016, alors qu'il était heureux en participant aux préparatifs de l'hommage qui devait lui être rendu, le 4 mars 2016, à Kénitra.Cet adieu brusque et imprévisible a plongé ses proches et amis dans l'affliction et le recueillement.
Mais le créateur demeure présent parmi nous.
Aïssa Ikken est éclectique. Il est à la fois peintre, graphiste, sculpteur, designer de bijoux, poète, écrivain. Son cheminement est caractérisé par une multitude de passions, d'incessants va-et-vient d'une ′′tension créatrice′′ à un foisonnement dans tous les sens. Il explore les variations de son espace de prédilection selon l'imaginaire de l'instant et appose les traces de ses rêves, de ses souffrances au point que l'un s'imbrique dans l'essence de l'autre. Que de sueur et d'angoisse, de l'éparpillement et du ciselage des signes sur la toile au corps à corps avec les mots.
Ainsi, les diverses expressions ne peuvent être dissociées. Elles s'emploient à dire l'absence, les peines, les doutes de l'être, les strates de la mémoire, forment un tout et tendent à l'unité au sein de la pluralité. Elles s'affligent ou se réjouissent mutuellement, en échos multi sensoriels.
Cette succession de signes et de mots sur deux espaces spécifiques confère au donner-à-voir ou à lire une sorte de complétude qui, néanmoins, interpénètre l'autre expression et s'enrichit par son apport. A chaque fois, il s'agit d'une écoute en alerte, d'un savoir-faire réajustant, construisant/déconstruisant l'apparition d'un signe, d'une sensation ou comblant l'insatisfaction laissée après l'aboutissement de l'une ou de l'autre création.
Il y a chez Aïssa Ikken comme une tragédie humaine, commune à tous les semblables, une ascension vers une retraite qui s'illumine au lointain. L'atteindre demeure la raison de dorloter ou de rudoyer la matière et les outils; ceci, non pour renier ce qui est peint ou écrit, mais pour établir des ponts entre les genres.
C'est une sorte de recherche assidue du lieu où se nouent le subjectif et l'objectif, à l'intérieur d'une ligne, une couleur, un blanc où germe la semence, un état à clarifier, à accentuer en ayant recours au sens du mot juste, enrobé d'intimité.
Les écrits en miroir à la production picturale, et vice-versa, constituent un chant du signe, dont la musicalité est proche de la complainte, interpellant sans relâche l'être cher, décédé subitement à Marrakech, en contrebas de la lumière ocre et des premières neiges de l'hiver. Le retour fut orphelin.
Depuis, les travaux foisonnent et confirment une approche fermement personnelle,
interrogeant, presque avec acharnement, l'aspect, les secrets, l'évolution inédite du signe ′′comme élément de signification′′. Cette démarche est vraiment particulière car, à l'exception d'Ahmed Cherkaoui et de Hocine Miloudi, Aïssa Ikken est l'un des rares peintres marocains à s'intéresser, très tôt, au signe, à une période où les courants artistiques ont été dominés par l'abstraction lyrique, géométrique, le naïf, la calligraphie intégrée.
Dans cette diversité, il s'est employé à marquer sa différence, à être inclassable entre plusieurs. Parallèlement aux fonctions assumées au Ministère de la Jeunesse et des Sports, au bureau central de l'Association Marocaine des Arts Plastiques, plus tard, au Cabinet du Ministre de la Culture, il s'est attaché à approfondir avec passion ses marques nominatives.
Continuant son bout de chemin, il a remodelé les graphes monochromes ou colorés, le signe autarcique, micro-dimensionnel ou celui cohabitant avec d'autres signes similaires ou extra-registres, prenant la forme de personnages juxtaposés qui paraissent s'interroger sur l'utilité de l'attente, de la faune, la flore, d'un alphabet aux sources énigmatiques. Ça représente un monde étrange, féerique, un panorama aux racines entremêlées, rarement compartimentées en espaces narratifs linéaires, d'où se dégage une unité de l'ensemble, contenant l'essence de trop de vie.
Partout. Le signe-obsédant est transhumant et générateur. Il est ciselé sur l'espace enchâssé de rectilignes, contours, interfaces, abords et extrémités fuyantes. S'y entrecroisent les formes humano-bestiaires, les suites mono chromatiques et les fragments des blessures sublimées.
Œil dégriffé du visage, émergeant de l'enfance.
Grains de chapelet égrenés. Un à un.
Mustang plein de suffisance, se désirant ailleurs. En permanence.
Que d'années, de joies et souffrances, dans un simple trait filiforme !
Enfin, je ne peux m'empêcher de cligner de l'œil à l'adresse du disparu.
Maintenant, de blanc-arc-en-ciel tout vêtu, imaginé debout, chaleureux, bienveillant comme toujours, il persiste à épurer ses compositions et ses écrits, luttant ainsi contre l'apprentissage de l'oubli.
Repose en paix, l'ami.
Multiples sont les raisons, la mort est une.
Et la parenthèse tombale n'est qu'endormissement,
que pause à délivrer du silence.
En signe du tempérament réfractaire.
Debout le mort.
Marche, haletant derrière une autre sphère.
Renais autrement du dedans.
Car ′′la mort est un jour de la vie′′.
Pareille à l'échelle aux marches détendues
que l'on grimpe à ses risques et périls
de l'éveil au sommeil
... jusqu'à ce fut


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