La lecture favorise la performance des activités quotidiennes. Elle ouvre les portes et les fenêtres sur le savoir, l'intelligence, les cultures, les perceptions, les processus, etcetera. Se plonger dans un livre nous aide à acquérir un soubassement de réflexions et de rayonnements aidant à bien communiquer. Lire, c'est faire des rencontres avec les auteurs, les personnages, les intellectuels, c'est aussi un acte vital et sociétal. En fait, La lecture représente un baromètre de l'état d'une société et de sa capacité à semer en son sein l'élégance, l'esprit avisé, le bien-être et le bien-vivre intelligent. C'est aussi une vertu qui peut nous éloigner de certaines tares comme le commérage et les loisirs nocifs. C'est un fait que nous passons plus de temps dans des cafés que dans les rares bibliothèques existantes. «Je n'ai jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture n'ait dissipé». Montesquieu. Il me semble que nous avons un rapport paradoxal à la lecture. D'une part, il faut que les structures mentales d'une société s'y prêtent de bonne grâce car comment la lecture peut-elle occuper un quotidien déjà dévoré par la recherche du minimum vital ? Les gens, il est vrai, ont plus besoin d'un verre de thé que d'un vers de poésie. De l'autre, il faut que l'offre soit suffisamment consistante et de qualité pour attirer un lectorat de niveau, mais ce dernier est une laborieuse construction,et toutes les institutions socialisatrices sont concernées dans cet élan de faire du Marocain un lecteur lucide et exigeant. J'ajoute que le système éducatif (toutes catégories confondues) doit socialiser à la lecture nonpas en tant que contrainte scolaire, mais comme un épanouissement personnel. On ne lit plus parce qu'on n'y trouve probablement pas de plaisir et peut-être aussi parce que l'accès à la lecture n'est pas assez démocratisé, c'est-à-dire du ressort de tous. Or, la facilité et une certaine paresse nous amènent à opter pour des lectures bon marché et de qualité insignifiante : on passe des journaux du matin et du soir à la recherche du sensationnel à des combinaisons de bricolage, du copié-collé sans harmonie ni rigueur, notamment avec la complicité des Nouvelles technologies de l'information et de la communication. Il est effarant de constater que la tendance aujourd'hui est à la médiocrité puisque les fondements ne sont ni sains ni prometteurs. Il était une fois des cafés littéraires qui privilégiaient non seulement la lecture mais aussi le débat contradictoire où l'on apprend les vertus de l'esprit critique et de la tolérance de l'autre. On parle de lecture mais notre société, heureusement ou malheureusement, se compose d'individus qui misent davantage sur le capital économique que sur le capital culturel. De ce point de vue, nous avons encore du chemin à parcourir : exhorter les gens à faire des lectures pour s'ouvrir auxautres plus qu'à concentrer leurs efforts sur les apparences et à chercher à être au rendez-vous des marques et des modes. C'est toute la question du rapport à l'argent qui doit être retravaillé. Il faut aussi diversifier l'offre, internationaliser les contenus et laisser au lecteur le soin de choisir par le menu ses désidératas. Les éditeurs ont intérêt à miser sur la qualité de leur offre et éditer des auteurs dignes d'être lus, indépendamment du clientélisme ou autres favoritismes.