S.M le Roi a inauguré, le 9 février à la commune El Argoub (Province d'Oued Eddahab), l'écloserie "Azura Aquaculture", un projet pilote qui confirme l'intérêt accordé à la préservation et au renforcement de la biodiversité marine. Ce projet fait partie intégrante du plan d'aménagement aquacole dans la région de Dakhla - Oued Eddahab (2015 - 2020) dont l'appel à manifestation d'intérêt lancé par l'Agence nationale pour le développement de l'aquaculture (ANDA) prendra fin le 22 avril 2016. Ce plan régional d'aménagement aquacole prévoit la réalisation, pour un investissement global de 2,8 milliards de dirhams, de 878 unités de production réparties sur trois zones géographiques identifiées, à savoir la baie de Dakhla (520 unités), la baie de Cintra (243) et la zone située entre ces deux baies (115). Devant générer quelque 3.350 emplois directs, ces projets seront réalisés sur une superficie de 6.556 ha et permettront, à terme, d'atteindre une production annuelle globale estimée à 115.450 tonnes. Ces différents projets aquacoles viennent ainsi conforter le plan Halieutis qui a pour ambition de faire du secteur halieutique un véritable moteur de croissance durable pour l'économie nationale, de porter à 21,9 milliards de dirhams le PIB du secteur à l'horizon 2020, et de générer quelque 115.000 emplois directs. Dans le cadre de la promotion du secteur aquacole au Maroc, l'Agence Nationale pour le Développement de l'Aquaculture a tenu, le 10 février, conjointement avec la Chambre Française de Commerce et d'Industrie du Maroc (CFCIM), une rencontre d'information sous le thème «les opportunités d'investissement dans le secteur aquacole au Maroc». A cette occasion, MajidaMaarouf, directrice de l'ANDA, revient, pour Al Bayane, sur les potentiels du secteur aquacole marocain et ses perspectives ainsi que sur le rôle de son agence dans le développement dudit secteur. Al Bayane : L'Agence Nationale pour le Développement de l'Aquaculture (ANDA) vientd'organiserune journée d'information. En quoi consiste ce rendez-vous ? Majida Maarouf : Cet événement n'est pas le premier à être organisé par l'ANDA. Rien que sur Casablanca, il s'agit du deuxième, en rappelant que le premier a été initié lors du lancement du plan d‘aménagement aquacole de Fnideq-Oued Laou. En plus, l'Agence Nationale pour le Développement de l'Aquaculture a toujours initié des rencontres pour promouvoir ses activités et a multiplié les manifestations pour mettre en lumière l'attractivité du secteur aquacole au Maroc. En effet, cette journée d'information, organisée conjointement avec la Chambre Française de Commerce et d'Industrie du Maroc (CFCIM) sous le thème : «les opportunités d'investissement dans le secteur aquacole au Maroc» et à laquelle ont pris part des institutionnels et plusieurs groupes et entreprises marocaines et françaises, a pour objectif de présenter les différents chantiers aquacoles lancés par l'ANDA ainsi que l'offre aquacole marine et ses perspectives de développement au niveau National. Cet évènement est une occasion pour échanger autour du secteur aquacole et des opportunités offertes avec les opérateurs intéressés,notamment ceux ayant fait l'objet de l'appel à manifestation d‘intérêt lancé par l'ANDA et dont le dernier délai de dépôt des dossiers est fixé pour le 22 avril 2016. Pour rappel, le plan d'aménagement aquacole de la région de Dakhla-Oued Eddahab, qui figure aujourd'hui parmi les projets ambitieux du Nouveau Modèle de Développement pour les Provinces du Sud du Royaume (NMDPS), a été élaboré entre 2013 et 2015, suivant les directives internationales en matière de durabilité et de bonnes pratiques et s'inscrit en cohérence avec les autres plans de développement de la région. Comment l'ANDA accompagne t-il les acteurs du secteur de l'aquaculture ? Depuis son démarrage en 2012, l'ANDA a mené plusieurs actions pour accompagner les acteurs du secteur de l'aquaculture. Des actions ciblées, se traduisant, d'une part, par l'élaboration d'un cadre juridique spécifique à l'aquaculture marine au Maroc conforme aux normes internationales permettant d'assurer une transparence dans la gestion du secteur aquacole tout en donnant davantage de visibilité aux investisseurs. Dans ce sens, un avant-projet de loi a été déposé au Secrétariat général du gouvernement pour consultation publique et il sera incessamment transmis au parlement pour examen. D'autre part, l'ANDA renforce l'ancrage de la filière aquacole sur le littoral national dans le cadre d'une planification des espaces à des fins aquacoles, initiative permettant d'offrir aux investisseurs intéressés des espaces favorables en étudiant non seulement les paramètres du milieu mais aussi la compatibilité de cette activité avec les autres activités économiques existantes et celles programmées. L'approche de planification ainsi adoptée par le Royaume permet d'identifier le potentiel, de développer l'offre aquacole nationale et par la suite, la promouvoir auprès des investisseurs aussi bien nationaux qu'étrangers et ce, à travers les appels à manifestation d'intérêt. Celui de Dakhla n'est que le premier d'une série d'autres opérations prévues de 2016 à 2018. L'ANDA a, ainsi, pour ambition de livrer aux investisseurs des projets pré-étudiés en respectant les meilleurs standards internationaux. De plus, elle met à leur disposition une équipe spécialisée et multidisciplinaire s'attelant au quotidien à faciliter leurs requêtes et à les accompagner tout au long du processus de montage de leur projet y compris une assistance durant toutes les démarches administratives nécessaires à l'autorisation d'exercer. Y-a-t-il des mesures incitatives pour encourager les investissements aquacoles ? Le secteur bénéficie des mesures appliquées à d'autres secteurs économiques, notamment les exonérations et subventions prévues par le droit commun et la charte d'investissement. A ce stade, il n'y a aucun dispositif d'incitation spécifique à l'aquaculture mais au regard de la concurrence des pays à potentiel aquacole, la mise en place de mesures incitatives dédiées constituerait un levier de développement de l'investissement dans ce secteur et renforcerait l'attractivité du secteur. L'idée de booster l'investissement aquacole via des mesures incitatives spécifiques n'est pas écartée à l'instar de ce qui se pratique dans d'autres pays afin d'assurer un développement rapide du secteur. En concertation avec l'ensemble de nos partenaires, les discussions sont lancées aujourd'hui afin de faire une analyse coût-avantage de telles mesures. Quels sont, à votre avis, les principaux défis et les obstacles que rencontrent les acteurs de ce secteur ? Les principaux écueils auxquels se heurtait le développement du secteur aquacole tiennent, en premier lieu, à la rareté des espaces favorables à l'aquaculture pré-étudiés. Pour remédier à cette problématique majeure, l'ANDA déploie d'énormes efforts afin d'assurer une bonne exploitation des espaces pouvant faire l'objet de projets aquacoles tout en définissant avec précision les opportunités d'investissement après la réalisation de plans d'aménagement qui durent entre deux à trois ans. Il s‘agit d'études de préfaisabilité avecl'élaboration d‘indicateurs techniques et scientifiques afin de mieux orienter le choix des investisseurs. A l'image de ce que vivent tous les secteurs, le financement constitue également une contrainte pour le développement des projets aquacoles. A ce niveau, l'ANDA a présenté le secteur avec toutes ses composantes techniques et financières afin de le positionner parmi les secteurs bancables. En effet, plusieurs réunions ont été tenues avec le Groupement professionnel des banques du Maroc, le Crédit Agricole du Maroc et la Caisse centrale de garantie. Les perspectives aujourd'hui sont bonnes et les banques sont prêtes à financer le secteur dans les mêmes conditions des autres activités économiques. Quelles sont les perspectives de développement de l'aquaculture au Maroc ? L'aquaculture au Maroc est un secteur d'avenir qui affiche des potentialités énormes et les pouvoirs publics lui accordent une grande importance afin de contribuer à la durabilité du secteur halieutique et renforcer la sécurité alimentaire de notre pays voire même de nos partenaires régionaux. Il est également espéré une incidence positive sur les exportations halieutiques et la création des opportunités d'emplois. Considérée comme un secteur stratégique par le plan Halieutis et identifiée comme un véritable moteur de croissance pour l'économie marocaine eu égard au potentiel qu'il recèle en matière de création de richesse, l'aquaculture présente aujourd'hui des avantages concurrentiels hautement compétitifs. Au niveau mondial, la tendance est vers la stagnation des captures de la Pêche accompagnée par une montée en puissance de l'aquaculture qui fournit actuellement un poisson sur deux consommés dans le monde. Selon la FAO, cette proportion passera aux deux tiers en 2030. En plus, le déficit en matière de produits halieutiques à l'échelle internationale ouvre des opportunités commerciales considérables pour le Maroc. Aujourd'hui, l'ANDA est en train de se positionner au niveau régional voire international et continuera à déployer tous les moyens nécessaires et disponibles pour la réussite de ses appels à manifestation d'intérêt de l'ensemble des plans aquacoles afin d'atteindre à terme les objectifs de la stratégieHalieutis. Pour rappel, le potentiel identifié au niveau des deux premiers plans d'aménagement (Dakhla et Agadir) dépasse l'objectif de 200 000 tonnes fixé par la stratégie Halieutis dont la réalisation dépendra davantage de l'intérêt des opérateurs privés. Ce que je peux vous dire à ce stade, c'est que l'ANDA est en discussion avec plusieurs investisseurs nationaux et internationaux concernant les opportunités d'investissement de l'AMI de Dakhla et je reste optimiste que les promoteurs visionnaires sauteront sur l'occasion pour créer un business d'avenir. L'Agence Nationale pour le Développement de l'Aquaculture (ANDA) est un établissement public marocain doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière, basé à Rabat et créé en 2011. L'Agence constitue l'un des 16 projets de la Stratégie Halieutis lancée en septembre 2009. Elle est positionnée au niveau de l'axe durabilité en tant que filière prioritaire amenée à constituer un levier de croissance et de création d'emploi pour le secteur halieutique. L'agence a pour mission de promouvoir le développement de l'aquaculture nationale, notamment par sa participation à la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière d'aquaculture, la proposition de plans d'actions spécifiques en application des orientations données par la stratégie nationale du secteur halieutique et par le cadre réglementaire y afférent et la promotion d'activités d'aquaculture et le développement d'échanges y afférent tant à l'export que sur le marché national. En outre, l'Agence assure le suivi de la mise en œuvre de la stratégie nationale en matière de développement de l'aquaculture et mesure son efficacité. Diplômée de l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, Majida Maarouf a fait ses débuts dans le privé avant d'intégrer le secteur public. Pur produit du système éducatif marocain, elle a été nommée à la tête de l'Agence nationale pour le développement de l'aquaculture (ANDA) créée en 2011. Elle a réussi à se hisser à force du poignet dans un domaine connu pourtant pour sa prédominance masculine. Née en 1967 dans la ville de Sefrou, MajidaMaarouf obtient son baccalauréat en sciences expérimentales en 1985 et intègre l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAV) de Rabat. Au terme de sa quatrième année, elle choisit contre toute attente la spécialité halieutique pour obtenir son diplôme d'ingénieur d'état en études halieutiques. Elle est embauchée par une société de pisciculture continentale spécialisée dans l'élevage de carpes en qualité de responsable de production pendant quatre ans, puis intègre en 1996 l'Institut national de recherche halieutique (INRH) à Casablanca. Elle rejoint en 1999 le Ministère de la pêche maritime au sein de la Direction des pêches maritimes et de l'aquaculture où elle a occupé dès 2002 le poste de chef de service de l'aménagement des pêcheries, puis en 2008 celui de chef de division de la protection des ressources halieutiques.