Hier, Zaki était encore là. Aujourd'hui, il s'en va. Hier, Badou Zaki qui, s'accrochait encore à son poste de coach, après plus de 20 mois passés à la tête du staff technique de l'équipe nationale A, même s'il reste un entraîneur limité, et le président de la FRMF, Fouzi Lekjaa, ont tout simplement démenti le départ du sélectionneur national des Lions de l'Atlas et son remplacement par un autre étranger. C'est juste au terme de l'Assemblée générale de la Fédération royale marocaine de football, tenue mardi soir au Centre international des conférences Mohammed VI de Skhirat, pour le compte des saisons 2013-2014 et 2014-2015, que Fouzi Lekjaa a défendu son coach préféré. « Zaki est toujours là, qui vous a dit qu'il est partant », a réagi confirmé Lekjaa, lui qui avait mis son coach préféré dans son programme quand il menait sa campagne électorale de présidence de la FRMF, voici plus de deux ans. A l'occasion de cette AG, le patron de la FRMF croyait toujours donc au coach du Onze national puisqu'il n'a rien fait savoir sur son éventuel départ. Si sa boîte fédérale était claire et honnête quant au remerciement de M'hamed Fakhir après le nouvel échec de l'équipe nationale au CHAN, Lekjaa a seulement profité de l'occasion de l'AG pour revenir sur les mauvaises performances des différentes sélections nationales. Mais il s'est contenté d'exprimer son « étonnement » en faisant la comparaison suivante : « Les équipes de certains pays en état de guerre et ne disposant que de peu de moyens arrivent à réaliser de belles performances alors que les nôtres ne le font pas. En dépit de tous les moyens que nous offrons à nos équipes nationales, nous avons une crise de résultats... », s'est dit M Lekjaa, qui n'a à aucun moment fait signe d'un éventuel limogeage ni même d'une séparation à l'amiable avec le coach Zaki, comme cela allait se traduire par la suite. Selon un communiqué de la FRMF, paru au lendemain de son AG, la première instance dirigeante du football national et Zaki se sont mis d'accord pour une séparation des deux côtés à l'amiable. Ce qui justifie la mise en cause de la crédibilité de la Fédé et son président. C'est donc un cafouillage total qui frappe la fédération du président Lekjaa. On ne va pas aborder les péripéties inutiles de cette fameuse assemblée générale et les délégués présents venant des clubs la ligue dite professionnelle (en Divisions 1 et 2), les autres ligues des amateurs, régionales et du football féminin. Car ils sont tous venus seulement pour ne dire que du bien sur la fédé et son président, tout en approuvant à l'unanimité les rapports moral et financier, sans avoir même à les discuter d'une manière réfléchie et réaliste, sous les regards des représentants du CNOM et du ministère de tutelle, comme d'habitude. On va seulement aborder cette traditionnelle problématique de changement d'entraîneur de l'équipe nationale comme on change de chemise. Est-il nécessaire de se séparer avec un entraîneur à la veille d'un match décisif, en aller et au retour, de son équipe contre le Cap Vert pour le compte des éliminatoires de la CAN 2017, sachant bien que les deux sélections sont en tête de leur groupe (avec 6 points chacune) après avoir réalisé 2 victoires en autant de matches... ? Est-ce vraiment le moment de remercier un coach qui a qualifié son équipe à la phase des groupes des éliminatoires du Mondial 2018, même difficilement, et sans convaincre face à une petite sélection africaine de la Guinée Equatoriale... ? Et puis, pourquoi l'équipe fédérale de Lekjaa n'a pas réagi au moment opportun quand Zaki a fait peur à tous les Marocains en frôlant la catastrophe contre cette même équipe équato-guinéenne, difficilement battue à Agadir 2-0 avant qu'elle ne s'impose dans son fief 1-0). Ce qui pourrait nous coûter tellement cher si la transversale du gardien marocain n'avait renvoyé un but tout fait lors du match aller. Le groupe de Zaki était donc à la merci de cette équipe qui a frôlé un but marqué à l'extérieur. Que va-t-on faire maintenant en attendant la venue du prochain entraîneur... ? Les coulisses parlaient déjà du coach français, Herve Renard, qu'on nous avance officiellement comme prochain sélectionneur des Lions de l'Atlas. Ce dernier, qui pourrait retourner entraîner en Afrique, le souhaite aussi. Les responsables du football marocain l'ont choisi au vu de ses deux récents sacres, en CAN 2012, avec la Zambie et 2015 avec la Côte d'Ivoire. Mais les fameux décideurs du football national continuent toujours d'oublier une chose des plus importantes. L'équipe du Maroc n'est ni la Côte d'Ivoire dont les joueurs locaux venaient de nous barrer la route au récent CHAN, ni la Zambie qui sont plus aguerris que les Lions de l'Atlas, ni même plusieurs sélections africaines qui sont en nette progression. Car le football marocain a perdu beaucoup du terrain s'il n'est pas faible. Au Mondial, on a raté 4 éditions depuis 2002 et on risque de louper encore une fois le prochain rendez-vous en 2018, pour signer une absence d'une bonne vingtaine d'années. En CAN, le premier et dernier titre remonte à la CAN de 1976. Ça fait maintenant 40 ans ou 4 décennies de déceptions... Et à chaque fois, on change d'entraîneur...