Les derniers chiffres monétaires de Bank Al Maghrib confirment l'atterrissage de la distribution des crédits bancaires en 2015.La situation est tellement alarmante que la Banque centrale envisage de diagnostiquer l'origine du mal avec les professionnels du secteur. A fin novembre 2015, l'encours du crédit bancaire a atteint un niveau de 764,87 milliards de DH en hausse limitée à 1,6% en comparaison à fin novembre 2014. L'accroissement du crédit bancaire reflète principalement la hausse de 5,3% des concours à l'habitat à 178,35 milliards de DH et 5,2% des prêts à la consommation à 46,33 milliards de DH. En revanche, les crédits à la promotion immobilière et les facilités de trésorerie ont accusé une diminution respective de 5,7% à 60,2 milliards de DH et 2,8% à 170 milliards de DH. Pour ce qui est les crédits à l'équipement, ils sont restés quasiment au même niveau que l'année dernière soit 144,2 milliards de DH. Toutefois, la hausse du crédit bancaire, sur les onze premiers mois de l'année 2015, ressort moins importante par rapport à celle enregistré au cours de la même période de l'année précédente soit 4,3%. Cette décélération de la progression s'explique par la baisse des crédits d'équipements de 0,8% après une hausse de 5,1% et le recul des facilités de trésorerie de 2,8% après une hausse de 0,6%. Aussi, les concours immobiliers ont vu leur rythme d'accroissement baisser à 2,2% après 2,4% une année auparavant.De même, la progression des crédits a été entachée par la hausse des créances en souffrances de 10,5%. Ces créances atteignent le niveau significatif de 57,4 milliards de DH représentant désormais une part de 7,5% de l'encours global. Cette tendance reflète un climat économique assez morose au Maroc. Par secteur institutionnel, le crédit bancaire au secteur privé resté quasi-stable avec une variation à peine de 0,1% à 618,5 milliards de DH. Cette quasi-stabilité traduit la baisse des concours aux sociétés non financières privées de -2,7% à 333,4 milliards de DH et la progression des crédits aux ménages de 3,5% à 285,1 milliards de DH. S'agissant des prêts aux sociétés non financières publiques, ils se sont accrus de 4,4% à 48,7 milliards de DH dont 72% sont accaparés par les sociétés financières non publiques. Malgré la baisse de deux points de base du taux directeur et de 26 points de base des taux débiteurs, le problème de déclaration ducrédit bancaire persiste. C'est ainsi qu'en termes de perspectives, Bank Al Maghrib table sur une progression seulement de 0,5% à fin 2015.En effet, rappelons que le crédit bancaire n'avait déjà affiché en 2014 qu'une hausse limitée de 2,2%, en dessous du niveau enregistré à fin 2013 avec une hausse de 3,5% alors que le secteur enregistrait une évolution annuelle moyenne de 7,3% sur la période 2008-2013. Pour faire face aux contraintes à la croissance du crédit, le gouverneur de la Banque Centrale, Abdellatif Jouahri, réunira, au début de l'année 2016, Bank Al-Maghrib, le Groupement professionnel des banques du Maroc et la Confédération générale des entreprises du Maroc. Cette réunion aura pour objectif d'analyser l'offre et la demande et d'examiner les secteurs touchés par cette décélération et les problèmes des délais de paiement.