La poétesse et écrivaine Mina Shaqi vient de publier un nouveau recueil de poèmes intitulé «Murmures des marguerites». Contactée au sujet du recueil de poésie dont la première édition vient de paraitre, elle a affirmé que la poésie est une parenthèse qu'elle ou qui s'ouvre à elle. «La poésie est une parenthèse que j'ouvre ou qui s'ouvre à moi, je m'y arrête pour me confronter, me regarder ou regarder les autres. Ce sont des moments profonds de retour à soi où je déverse des sentiments d'amour, de colère, de tristesse et peut-être de plaisir, le plaisir d'écrire, je dirai même le bonheur d'écrire. C'est surtout un travail sur soi», dit-elle. Lorsque l'écriture du roman (que je considère comme un voyage, une aventure de longue haleine et de grande envergure), me fatigue, je me repose et me retrouve dans la poésie », précise-elle. Pourquoi parle-t-elle du roman ?, c'est parce qu'elle semble avoir déjà terminé depuis longtemps son premier, un roman autobiographique en somme, qu'elle hésite de publier, de nature perfectionniste qu'elle est. Oui, voulant l'interroger sur son recueil, nous découvrons qu'elle a terminé son premier roman. « Je l'ai achevé et il ne reste plus que quelques retouches. Je l'écris depuis plusieurs années, je ne cesse de reprendre l'écriture, changer des chapitres, supprimer d'autres. Cela me fatigue et me déprime parfois...», dit-elle d'une voix tremblante et émue. C'est pour voyager à travers les péripéties de la vie que je suis tentée plutôt par le roman, pour «me libérer de ce qui pèse sur moi car comme nombre de Marocaines, j'ai eu entre autres une enfance mouvementée, puis un mariage précoce, un phénomène qui s'applique à d'autres», confie t-elle. «Quand j'écris je libère ma main, les obstacles disparaissent, les murs s'effondrent, mon cœur voltige», écrit-elle dans un de ses poèmes (Existence) ou encore «je me perds souvent dans la vie, je me retrouve souvent dans la poésie». «Mais la poésie me repose», insiste-t-elle. L'actuel recueil de poésie « Murmures des marguerites» contient plus de quarante poèmes, écrits à différentes époques mais qu'elle ne voulait pas publier sous forme d'ouvrage. Et il a fallu attendre qu'elle soit profondément secouée par un accident aussi gravissime que la perte d'un être aussi cher que sa petite nièce de 15 ans pour qu'elle se décide de faire sortir de ses tiroirs l'ensemble des poèmes endormis, publiés avant de les classer en trois épisodes : Insouciance (1985-1990), Maturité (1996-2015) et Sagesse (2010-2015) – Aphorismes -. Dans la préface de l'œuvre, Fatima Bouayoum Charkaoui écrit que « Mina nous emporte dans un spleen, dans le tourbillon de la torture, de la trahison, de la colère et de la souffrance ; par contre, l'espoir, la joie et le bonheur tiennent peu de place dans son recueil, ces sentiments semblent barricadés par les interdits ou par de la culpabilité». Mina «nous embarque.... dans une errance à l'intérieur de sa complexité, de sa profondeur, de sa dialectique avec la sensibilité, le rêve et les émotions d'un artiste. Entre les murmures, elle nous fait voyager entre les différentes phases de la vie dans lesquelles chacun peut se retrouver. Mina nous raconte ce côté insaisissable de l'humain, derrière lequel nous courons, ce côté de l'absolu...». Mina porte un regard sur la perte, sur l'errance qu'elle remet en scène et décortique tout au long des trois parties de son recueil, entre rêve, délires et réalité, naviguant ainsi entre les émotions humaines. Si je dois résumer ce recueil, je dirais qu'il décrit l'horreur de la désespérance avec élégance et retenue, comme si cette désespérance absolue, suspendue, semblait attendre la renaissance dans un monde meilleur». Outre sa contribution à l'écriture et la réalisation de pièces de théâtre, Mina Shaqi anime des ateliers de lecture et d'écriture. Sa vocation pour la poésie lui valut le 2e prix de poésie décerné par l'Amalef en 2013. Mina Shaqi est également membre fondateur et actif de nombreuses associations culturelles et sociales.