La poétesse et traductrice marocaine, installée en France, Siham Bouhlal, réfute la catégorisation : "littérature de l'immigration" et "littérature de l'intérieur", faisant remarquer qu'elle n'écrit pas parce qu'elle est une "immigrée", mais pour satisfaire le besoin d'écrire. (Par Abdellah Lbochouari) Siham Bouhlal a indiqué, dans un entretien à la MAP, qu'elle écrit en français parce que les écrivains ou les créateurs ne choisissent pas leur langue d'expression, la langue s'impose d'elle-même. Pour cet écrivain qui s'exprimait en marge de la 16ème édition du Salon international de l'Edition et du Livre (SIEL), l'écriture donne un sens à l'existence, citant à ce propos l'écrivaine française Marguerite Duras (1914-1996) qui affirmait: "J'écris pour ne pas mourir". Vivant en France depuis plus de vingt ans, la poétesse, qui a publié récemment à Paris son premier récit "Princesse Amazigh" aux éditions "Al-Manar" précise, d'ailleurs, qu'elle est marocaine et française, en même temps. Celle qui a déjà publié les recueils de poèmes, "Poèmes bleus" (Editions Tarabuste, 2005), "La tombe d'épines" (Editions Al-Manar, 2007) et "Corps Lumière " (Editions Al-Manar, 2008), précise que la question ne concerne pas la langue mais, plutôt, le contenu véhiculé par cette langue. Ce qui compte, pour elle, c'est la création en elle-même et les sensibilités du poète. Tout en soulignant que l'écriture exprime les spécificités de chaque poète ou romancier, elle estime que la création authentique devient universelle et transfrontalière. Quant à son attachement au patrimoine culturel arabe depuis son enfance, elle l'attribue au lien fort que sa mère avait avec la poésie. En effet, sa mère lui lisait des poèmes et l'a ainsi initiée à la poésie. Siham Bouhlal exprime particulièrement sa reconnaissance au professeur, écrivain et spécialiste de la littérature arabe médiévale, Jamel-Eddine Bencheikh (1930-2005), qui l'a introduite, dit-elle, dans le monde de la littérature et qu'elle considère comme un modèle. Et puis, "non seulement il m'a orientée vers la poésie, mais il m'a impliquée là-dedans. C'est lui qui a envoyé mes premiers poèmes aux maisons d'édition", précise-t-elle. Jamel-Eddine Bencheikh, qui a également fait d'elle une passionnée du patrimoine culturel arabe, a accompagné une partie de sa production littéraire et a enraciné en elle le désir de faire connaître la civilisation arabe en Occident. Le dernier roman de Bouhlal, "Princesse Amazigh ", qui a été présenté dans le cadre du programme culturel du "SIEL 2010", est tissé de souvenirs d'enfance, de réflexions sur l'amour, les rapports entre les hommes et les femmes et la religion. Cet ouvrage de 112 pages vient ainsi enrichir la création de l'auteur qui travaille actuellement sur un nouveau recueil intitulé "Mort à vif". Titulaire d'un doctorat en littérature de l'Université Paris-Sorbonne, Siham Bouhlal a traduit des textes médiévaux, comme elle a contribué, entre autres, à la réalisation de l'ouvrage "Amazigh ou voyage dans le temps berbère".